Théologie
Publié le 10/01/2020 à 22:33 par auto23652
PAX DOMINI la paix du SeigneurLa paix du seigneur est un état de grâce caractérisé par une absence de faute et de péché.
En latin : peccatum, i qui est neutre, signifie effectivement péché, mais aussi faute, action coupable, crime ; Il a le sens général d’erreur.
La faute est commise par rapport à la loi de Dieu. La loi de Dieu pour le chrétien, c’est la Loi des Evangiles, c'est-à-dire l’accomplissement de la Loi dans Jésus Christ. Les dix commandements, à la lumière de l’esprit, restent l’armature et la barrière contre la faute.
C’est par un examen de conscience que le chrétien combat pour se maintenir en état de grâce. L’examen de conscience permet de se connaître et de connaître ses faiblesses. Généralement la faute s’infiltre par les sept péchés capitaux qui sont, dans la tradition, la paresse, l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la colère et l'envie.
Ils sont nommés capitaux parce que ce sont d'eux que découlent les autres.
Lorsqu’il y a eu écart, faute, péché, erreur, c’est par la pénitence, que le chrétien retrouve l’état de grâce.
L’Eglise a toujours recommandé pour rester en état de grâce la pratique assidue des sept vertus :
-Les quatre vertus cardinales : La Justice, La Tempérance, La Prudence, La Force.
Les vertus cardinales sont nommées ainsi parce qu’elles soutiennent toutes les autres.
En latin Cardo, inis (masculin) gond, pivot, point sur lequel tout roule, point capital.
-Les trois vertus théologales : La Foi, L‘Espérance, La Charité.
Ces vertus sont nommées Théologales parce qu’elles transcendent les vertus cardinales et leur donnent la plénitude du sens.
Publié le 26/12/2019 à 14:50 par auto23652

Saint Jean 8, 23: "Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. "
"Nous confessons dans le Credo que Jésus-Christ est venu du ciel « pour nous et notre salut. » Cette vérité dit tout sur notre Sauveur. Il vient dans notre monde tout en n’étant pas du monde. Sa doctrine fait appel à nos aspirations les plus élevées et les plus nobles. Sa conception de la vie entre en conflit avec celle des enfants de ce monde et c’est pourquoi il rencontre partout de la résistance. Dans mes pensées les plus profondes, dans mes paroles et mes actions, est-ce que je m’efforce d’agir selon « ce qui vient d’En-Haut » ?"
Le terme transcendance (du latin transcendens ; de transcendere, franchir, surpasser) a plusieurs significations, groupées autour de l'idée de dépassement ou de franchissement.
Le transcendant est ce qui est au-delà, ce qui dépasse, surpasse, en étant d'un tout autre Ordre.
F M
Publié le 17/10/2019 à 15:47 par auto23652
Publié le 01/07/2008 à 12:00 par auto23652
Saint Hubert frappé par la Grâce Divine
La Grace Divine
On nomme grâce, en théologie, une disposition de faveur divine. Elle a aussi le sens de pardon, affection, amour et bienveillance.
"La Grâce divine, c'est l'oeuvre de Dieu dans notre âme, qui nous aide au salut. Dieu nous donne sa Grâce divine de bon gré à cause du sacrifice du Christ sur la croix.
Sans l'aide de la Grâce divine, nous ne pouvons rien faire pour notre rédemption. La Grâce divine est de deux sortes : la Grâce divine secourable et la Grâce divine sanctifiante.
La Grâce divine secourable, c'est l'aide du saint Esprit qui éclaire la raison et qui affermit la volonté pour faire le bien et éviter le mal.
Cette Grâce est donnée à chaque homme sans tenir compte s'il est honnête ou misérable.
La Grâce divine nous amène vers le salut, si nous travaillons avec Dieu et ne sommes pas contre Lui.
La Grâce sanctifiante est l'aide du saint Esprit qui nous transforme en fils de Dieu.
La Grâce sanctifiante est une aide de Dieu qui transforme l'état de notre âme. L'homme pitoyable et injuste devient saint et juste, sans faute, et évite le châtiment éternel.
Il faut que nos bonnes actions aient de la diligence devant Dieu; elles nous gagnent la récompense divine et la multiplication de la Grâce de Dieu.
L'homme reçoit la Grâce divine par des prières et des bonnes actions. Aussitôt gagnée, la Grâce divine doit être gardée comme le trésor le plus précieux." Père Olivian
Dans le catholicisme, celle-ci est consécutive à une recherche de recueillement. La grâce se distingue par là du miracle, censé pouvoir atteindre aussi bien un esprit non préparé, et même un incroyant.
Dans le protestantisme, la grâce désigne plus spécifiquement le don, immérité, du salut en Jésus-Christ. Elle entraîne la foi.
On parle de grâce lorsque Dieu accorde une faveur imméritée à l'homme (par exemple, le salut par grâce), à l'inverse de la miséricorde qui se produit lorsque Dieu ne donne pas à l'homme le châtiment qu'il mérite.
On distingue d'abord la grâce incréée de la grâce créée. La première est la bonne disposition dont Dieu témoigne à l'égard de l'homme en habitant en lui ; la seconde consiste en une transformation de l'homme.
La grâce créée se subdivise en grâce gratis data, pouvoir qu'ont certains hommes — appartenant au clergé — de contribuer au salut des autres, et en grâce gratum faciens, qui consiste simplement en la sanctification d'un homme.
La grâce gratum faciens peut à son tour être habituelle, c'est-à-dire constituer une disposition stable (habitus), ou bien actuelle, c'est-à-dire relever d'une intervention ponctuelle.
On distingue encore la grâce coopérante, dans laquelle la volonté de l'homme a l'initiative sur la grâce, de la grâce opérante, dans laquelle c'est la grâce qui initie la modification de la volonté.
Enfin, on parle de grâce efficace quand elle produit un acte bon, par opposition à la grâce suffisante qui nous y rend simplement aptes.
Les textes fondamentaux sur la grâce divine sont liés aux débuts du Christianisme, religion qui enseigne la damnation ou le salut individuel. Ainsi saint Paul dans ses épîtres aux Galates et aux Romains traite abondamment du salut par les œuvres ou par la grâce. Ces textes sont puissants, passionnés mais passablement obscurs. Leur forme justifie les débats ultérieurs sur ce sujet, débats qui se réfèrent tous à l'oeuvre paulinienne.
Le concept de grâce fut au cœur de débats théologiques principalement à deux époques : à la fin du IVe siècle dans le conflit entre les thèses de Pélage et d'Augustin, puis aux XVIe et XVIIe siècles. Ce débat fut l'une des principales sources de la Réforme.
Le pélagianisme minimisait le rôle de la grâce : Pélage prétendait que l'homme pouvait, par son seul libre arbitre, s'abstenir du péché, et niait en particulier la nécessité de la grâce. Contre lui Augustin défendait la position adoptée ensuite par l'Eglise Catholique, soit que la grâce divine était proposée à tout homme mais que chaque individu pouvait l'accepter ou la refuser.
Luther et surtout Calvin contestèrent la doctrine catholique sur ce sujet, qui laisse une place au libre arbitre de chacun, pour insister sur la prédestination.
Reprenant les thèses de Saint Augustin et critiquant par exemple le molinisme, les Jansénistes entendirent rétablir les notions de grâce et de prédestination (cf. le « pari » de Blaise Pascal selon lequel le « libertin » - entendre le libre penseur- (plus proche de la doctrine des Jésuites avec le « libre-arbitre ») n'aurait rien à perdre à croire : soit, il est « élu de Dieu » soit il ne l'est pas....
Psaume 126, asocié à la Grâce Divine
ROME, Mardi 30 août 2005– Benoît XVI souligne que le Psaume 126 n’hésite pas à taxer d’ « inutile » la sueur de qui travaille sans avoir Dieu à ses côtés.
« Dieu récompense au contraire jusqu’au sommeil de ses amis », souligne le pape en commentant le psaume 126. Voici une partie de la traduction du texte de la catéchèse de Benoît XVI.
Une société solide naît, certes, de l'engagement de tous ses membres, mais elle a besoin de la bénédiction et du soutien de ce Dieu qui, malheureusement, est souvent exclu ou ignoré. Le Livre des Proverbes souligne le primat de l'action divine pour le bien-être d'une communauté et il le fait de façon radicale, en affirmant que « c'est la bénédiction du Seigneur qui enrichit, sans que l'effort y ajoute rien » (Pr 10, 22).
Le Psaume 126 a souvent été utilisé par les auteurs spirituels précisément pour exalter cette présence divine, décisive pour avancer sur la voie du bien et du royaume de Dieu. Ainsi, le moine Isaïe (mort à Gaza en 491) dans son Asceticon (Logos 4, 118), rappelant l'exemple des antiques patriarches et prophètes, enseigne: « Ils se sont placés sous la protection de Dieu en implorant son assistance, sans placer leur confiance dans quelque labeur qu'ils aient pu accomplir. Et la protection de Dieu a été pour eux une ville fortifiée, car ils savaient que sans l'aide de Dieu, ils étaient impuissants et leur humilité leur faisait dire avec le Psalmiste: “Si le Seigneur ne construit pas la maison, en vain le gardien veille” » (Recueil ascétique, Abbaye de Bellefontaine, 1976, pp. 74-75).
Cela est aussi valable aujourd'hui: seule la communion avec le Seigneur peut préserver nos maisons et nos villes
1 Si le Seigneur ne bâtit la maison,
Les bâtisseurs travaillent en vain;
Si le Seigneur ne garde la ville,
C'est en vain que veillent les gardes.
2 En vain tu devances le jour,
Tu retardes le moment de ton repos,
Tu manges un pain de douleur :
Dieu comble son bien-aimé quand il dort.
3 Des fils, voilà ce que donne le Seigneur,
Des enfants, la récompense qu'il accorde;
4 comme des flèches aux mains d'un guerrier,
Ainsi les fils de la jeunesse.
5 Heureux l'homme vaillant
Qui a garni son carquois de telles armes!
S'ils affrontent leurs ennemis sur la place,
Ils ne seront pas humiliés.
On ne fait généralement pas assez attention aux lois supérieures de la vie de la grâce. C’est un réconfort spirituel de les connaître et d’en vivre.
On connaît les lois de l’énergie physique, celles de la vie végétale, de la vie animale, et les lois naturelles de la vie humaine, mais on ne connaît pas assez les lois de la vie de la grâce.
Nous connaissons par ex. la loi de la conservation de l’énergie physique, d’après laquelle la quantité de l’énergie physique reste la même en ses différentes transformations ; ainsi le mouvement local produit la chaleur comme on le voit en se frottant les mains ; la chaleur produite est une forme d’énergie équivalente au mouvement qui l’engendre. Lorsque l’énergie disparaît sous une forme, elle reparaît sous une autre : mouvement, chaleur, lumière, électricité, etc.
Nous connaissons aussi la loi de la dégradation de l’énergie, selon laquelle l’énergie, dont la quantité se conserve, perd de sa qualité ou se dégrade. C’est ainsi que l’eau des sources chaudes se refroidit. C’est ainsi encore que les astres peu à peu s’éteignent et se refroidissent. De même l’énergie des vivants se ralentit et se refroidit dans la vieillesse.
Tous nous connaissons les lois de la vie végétale par ex. celles de la germination, selon lesquelles un bon grain de froment dans une bonne terre donne un épi de 30 grains, quelque fois de 6o et même de 100, comme il est dit dans l’Évangile (Marc. IV, 8). Nous n’y faisons pas assez attention, c’est là une des merveilles de la nature que le froment puisse produire 6o et même 100 pour un.
Qui a donné cette force vitale, ce pouvoir germinatif au grain de blé ? C’est le Créateur, l’Auteur de la vie, et c’est là, dit l’Evangile, le symbole de ce que la grâce sanctifiante peut produire et produit de fait dans une âme parfaitement fidèle.
Nous connaissons aussi les lois du développement des facultés naturelles de l’enfant, de son intelligence, de sa volonté, de tout de qui contribue à la formation du caractère moral ou des vertus acquises de prudence, prévoyance, justice, courage, patience, tempérance. Nous pouvons encore facilement connaître les lois de la génération des vices qui s’opposent aux vertus. Ainsi l’amour déréglé de soi-même ou l’égoïsme, parfois si accentué, engendre la concupiscence de la chair, celle des yeux et l’orgueil de la vie, comme le dit Sait jean (Ia Ep., II, 16). Ensuite de ces trois concupiscences dérivent, comme le montre S. Thomas (I-II, q. 77, a. 4, 5 ; q. 84, a. 4) les sept péchés capitaux et de ceux-ci proviennent des péchés encore plus graves comme l’apostasie, le désespoir, la haine de Dieu et du prochain.
Publié le 26/07/2019 à 23:50 par auto23652
Publié le 29/06/2008 à 12:00 par auto23652
L’imparfait renvoit en effet toujours à quelque chose qui est plus parfait
Saint Thomas d’Aquin a résumé toutes les preuves de l’existence de Dieu en cinq grandes voies (Somme Théologique Ia pars, q. 2, a. 2 et 3). Toutes les autres preuves valides peuvent être réduites à l’une de ces voies. Contrairement à de nombreux autres philosophes, St Thomas semble n’accorder aucun crédit aux preuves qui procèdent à partir d’arguments « subjectifs » (ou psychologiques). Voici, d’une façon très résumée, l’argument central de chacune de ses preuves :
Le simple fait que les choses (l’univers, le monde, tout ce qui contient de la matière) sont en mouvement, nous renvoit à la nécessité d’un « premier moteur », c’est-à-dire une première cause de mouvement. Pourquoi ? Parce que tout ce qui est mû, est mû par autre chose. Or, toute série de causes dépend nécessairement d’une première cause. Il y a donc nécessairement un premier moteur qui n’est pas mû.
Rien ne peut être cause de soi-même, parce que pour l’être, il faudrait qu’il ait existé avant lui-même. Ce qui est absurde. Il faut donc remonter à l’infini les causes efficientes. Mais s’il n’y avait pas de première cause efficiente, il n’y aurait pas non plus de dernier effet et encore moins de causes efficientes intermédiaires. Or, on voit bien que dans la nature, il y a un ordre de causes efficientes. Il faut donc qu’il y ait aussi une première cause efficiente.
Si on considère vrai que : Tous les êtres peuvent ne pas exister. Sachant que rien de ce qui peut ne pas exister ne peut durer éternellement, c’est-à-dire que tout ce qui peut ne pas exister, à un certain moment, n’existait pas. On doit en déduire que TOUS les êtres, à un certain moment, n’existaient pas. Mais s’ils n’existaient à un certain moment, alors il ne devrait rien exister maintenant ! Ce qui est absurde. Il faut donc que la première prémisse soit fausse : Il y a donc (au moins) un être dont l’existence est nécessaire.
L’imparfait renvoit en effet toujours à quelque chose qui est plus parfait. Or, il y a des choses moins parfaites, moins vraies, moins bonnes - et qui ont donc moins d’être - que d’autres. Ces degrés de perfection impliquent nécessairement l’existence d’un « maximum ». Or, puisque ce qu’il y a de mieux dans un genre doit être la cause de tout ce qu’il y a dans le genre, (par exemple : ce qu’il y a de parfait dans la bonté doit être la cause de la bonté que l’on trouve dans toutes les choses). Il faut donc conclure qu’il doit y avoir quelque chose qui est cause des êtres et de toutes leurs perfections.
Tout ce qui est ordonné vers une fin suppose un esprit. Or toutes les choses naturelles sont ordonnées vers une fin. Il doit donc il y avoir un esprit par lequel les être naturels sont ordonnées vers une fin.
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(Ce qui rend d'ailleurs difficilement viable une société, uniquement civile..., et les idéaux qui oublient de remonter dans la généalogie de l'Idéal... Le matérialisme effectue un raisonnement analogue, aboutissant au matérialisme idéal en tant que finalité et origine, fait de progrés matériels, d'innovations, et de progrés social qui n'est pas d'ailleurs dénué de l'"esprit", tout en niant sa supériorité et sa suprématie dans sa propre généalogie... Il n'y a que cette approche qui permette de voir la faille de nos sociétés et le poison qu'elles secrètent et que tout un chacun pressent sans pouvoir l'expliquer! Nos sociétés modernes ont jeté "le bébé avec l'eau du bain" devenant multicéphales dans leurs matérialités par nécessité intrinsèque au matérialisme, à défaut de vouloir remonter dans la généalogie de l'unicité de la perfection spirituelle, et ressemblant par la même occasion à la bête multicéphale de l'Apocalypse... A méditer! )
Publié le 31/08/2018 à 23:28 par auto23652

La dimension théologique du bon samaritain
La portée du bon samaritain
Une longue tradition liturgique s'est contentée souvent de trouver dans cette parabole un exemple de bon comportement. Dans le petit robert, on lit faire le bon samaritain : être secourable, charitable. Cette tradition a donné aux états-unis la Loi du bon samaritain, protégeant de poursuites quelqu'un portant assistance à autrui, et la Sécurité Sociale en France aurait pu s'appeler la Samaritaine...
Cette dimension morale dissimule ce que la parabole a de radical. Pour comprendre, on peut imaginer le samaritain comme un palestinien prenant soin d'un juif blessé. Non seulement il dépasse sa préférence ethnique pour prendre soin de son semblable, mais en plus il commet une sorte de trahison en s'occupant de son ennemi. En faisant cela il exprime la liberté de sa conscience, répondant ainsi à la question "qui est mon prochain ?" non par l'expression d'un devoir, mais par un don librement offert. Il ne s'agit plus uniquement de règle ou de morale, mais de la voix de l'Esprit par un choix libre de la conscience, et un élan du coeur par delà les catégories imposées par le jeu social, les intérêts ou les stratégies. C'est une réponse libre de la conscience et du coeur, à un appel.
Cette nouvelle forme de relation offerte par la parabole permet de préciser des points de théologie qui en découlent. Hugues de Saint Victor ne voit pas la vertu comme uniquement un travail sur soi, gagné par de bonnes actions, mais comme un don de Dieu reçu à travers l'autre. Le pêché dans le Nouveau Testament n'est pas uniquement de commettre un acte moralement mauvais, mais surtout de tourner le dos à la conscience et au coeur, de faillir à cette relation droite, libre, et donc fragile, que le samaritain représente, par l'élan de son coeur et sa bonne foi.
Synthèses de commentaires
A la lumière de l'histoire, du présent et du verbe
L'acte du samaritain n'est pas politique, et encore moins politiquement correct. Il n'est pas non plus marchand, dans le sens d'un profit pécunier, le texte précise qu'il paie l'hotelier et le prévient qu'il repassera au retour pour les dépenses supplémentaires. Il n'est donc pas non plus gratuit, même dans le meilleur sens du terme.
Un enseignement de portée, à méditer pour un siècle, où tout est politique et économique, où tout doit être politiquement correct et où finalement les "vérités" se comptent et se mesurent à l'audimat...
Deux autres paraboles de Jésus sont dérangeantes dans le nouveau testament, il s'agit de la parabole des deniers et des trois serviteurs, ou de la parabole des mines que nous avons vu récemment. Sur ces paraboles, et sur celle du bon samaritain, se sont échouées les révolutions, les idéologies et les politiques qui ont voulu étatisé "le coeur et l'esprit" ou en faire un proghramme politique, qui s'est souvent présenté comme une évolution.
A ceux qui disent qu'il faut faire "évoluer" ou qu'il faut "rénover" le Christianisme, je rappelle que se serait une grande première, dans l'histoire du Christianisme. En effet on a toujours procédé différemment, par un retour au texte, à plus de rigueur personnelle ou liturgique, à un re-centrage car même le mot "réforme" étymologiquement n'est pas satisfaisant, et ceci avec plus ou moins de succés, car cette démarche relève de la conscience et ne saurait être le reflet d'une mode ou d'une concession au profane, qui est souvent un danger réel pour l'Esprit.
La notion d'évolution est une notion complexe, fruit profane de la pensée judeo-chrétienne. Elle provient de la marche dynamique, mais spirituelle, du peuple juif vers la Terre Promise, elle est une interprétation dégradée, ou un jugement de valeur déplacé, de l'enseignement du Nouveau Testament par rapport à l'Ancien où Jésus lui-même précise je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l'accomplir. Elle n'est pas un raccourci vers la Jérusalem Céleste.
La prise de Conscience, comme pensée de Dieu, n'est pas la marche vers Las Vegas, ou le socialisme de Marx. Ces grandes impasses de l'histoire profane et toutes les petites qui les ont accompagnées, devraient nous inciter à plus de prudence et de méfiance.
Evoluer, étymologiquement, veut dire s'élever en spirales vers l'extérieur, ce qui est, hélas et toujours, une démarche politique dont le monde post moderne abuse avec les redoutables moyens de communication qui sont les siens; l'opinion devient l'opinion de groupe qui se transforme très vite en groupe de pression... La démarche spirituelle est avant tout personnelle, comme l'acte charitable et courageux du samaritain, elle voudrait plutôt la progression de s'élever en spirales vers l'intérieur de soi: le Centre et le Coeur! Etymologiquement, le mot qui conviendrait serait "involuer". La pauvreté de la syntaxe et du vocabulaire français, coupé de ses racines, devraient nous rapprocher du latin avec humilité. Le latin a effectivement évolué en français...
On me rétorquera, à juste titre que Jésus a dit que l'on ne mettait pas un vin nouveau dans une vieille outre. Cependant, on ne le mettra pas non plus dans une bouteille en plastique. L'attitude du bon samaritain est un vin nouveau, dans la Coupe en or de sa Conscience et de son Coeur.
La progression du Verbe impose rigueur et silence, elle est avant tout progression personnelle de la conscience et ne peut s'imposer aux autres que par l'Exemple et le Fruit!
François de Mendizabal
Publié le 23/06/2010 à 02:57 par auto23652
Saint Jean Baptiste, la prophétie d'Isaïe et le prophète Elie
Les quatre Évangiles citent, au sujet de Jean Baptiste, la prophétie d’Isaïe : (Is 40, 3) « Voix de celui qui crie dans le désert : rendez droit le chemin du Seigneur ».
Comme il est le tout dernier prophète ayant annoncé et préparé la venue du Christ, Jean Baptiste occupe une place tout à fait spéciale; il est appelé le Précurseur, c'est-à-dire le héraut qui annonce l'arrivée imminente du Messie. Luc rappelle que Jean et Jésus sont cousins, et nés à six mois d'intervalle.
A l'époque de Jésus, la tradition juive s'attendait à ce que la venue du Messie soit précédée par le retour du prophète Élie mystérieusement élevé au ciel dans un char de feu (2R 2, 16). Dans l'Évangile de Jean (Jn 1, 19-34), Jean Baptiste nie être Élie. Dans les Évangiles de Marc (Mc 9, 9-13) et Matthieu (Mt 17, 9-13), Jésus le considère comme le précurseur annoncé sous la figure d'Élie : « Je vous le dit : Elie est bien déjà venu et ils l’ont traité à leur guise. »
L’Église fête donc sa nativité, aussi bien en Orient qu'en Occident, six mois avant Noël, le 24 juin, au moment du solstice d'été.
Sa mort est célébrée le 29 août aussi bien en Orient qu'en Occident : c'est sa Décollation.
La fête de la Nativité de saint Jean Baptiste est aussi la fête nationale des Canadiens français depuis 1834 lors de la création de la Société Saint-Jean-Baptiste. Jean le Baptiste a été décrété patron des Canadiens français en 1908 par le pape Pie X. En 1977, la fête de la Saint-Jean devint la fête nationale du Québec, incluant les Québécois de toutes origines. La fête de la Saint-Jean-Baptiste est aussi une fête maçonnique importante à travers le monde.
Evangile de la vigile de Saint jean Baptiste
http://auto23652.centerblog.net/6583477-Evangile-du-24-juin-Vigile-de-St-Jean-Baptiste-
Publié le 29/04/2010 à 03:12 par auto23652
Théologie d’Edith Stein
Vision de la Femme
Édith Stein a très tôt été marquée par sa condition féminine. Première femme thésarde de philosophie d’Allemagne, elle s’est engagée personnellement afin de défendre la possibilité pour les femmes d’aller à l’université et d’y enseigner, malgré les nombreuses réticences du début du XXe siècle.
Sa conversion va l’engager sur une autre voie. Elle se désintéresse alors des revendications purement féministes, afin de développer, à travers ses nombreuses conférences dans toute l’Allemagne, une théologie catholique de la femme. Cette théologie spécifique à la condition féminine, qui était quasiment inexistante dans l’enseignement catholique, sera développée par Jean-Paul II, qui semble avoir été influencé par l’analyse d’Édith Stein, dans la lettre apostolique Mulieris dignitatem .
Elle a écrit un traité sur la femme, intitulé La Femme et sa destinée. Il fait la synthèse de ses réflexions et conférences sur les femmes. Dans ce livre elle aborde de nombreux thèmes comme l’éducation de la femme, sa vocation, son statut particulier. À partir d’une analyse philosophique elle affirme l’unité de l’humanité, puis une différenciation des genres qui la conduit à affirmer que la femme a trois buts fondamentaux : « l’épanouissement de son humanité, de sa féminité et de son individualité ». En se fondant sur le récit de la Genèse et de l’Évangile, démarche reprise par Jean-Paul II dans son magistère, elle prend la Vierge Marie pour modèle, et affirme son rôle essentiel dans l’éducation. Cependant, elle nie l’opposition de l’époque affirmant que les femmes doivent se cantonner à la seule sphère familiale et affirme que la vocation de la femme peut avoir une vie professionnelle : « Le but qui consiste à développer les capacités professionnelles, but auquel il est bon d’aspirer dans l’intérêt du sain développement de la personnalité individuelle, correspond également aux exigences sociales qui réclament l’intégration des forces féminines dans la vie du peuple et de l’État ». Cette affirmation est d’autant plus forte qu’elle considère comme une perversion de la vocation féminine la vie des « jeunes filles de bonnes familles et des femmes oisives des classes possédantes ».
Elle affirme, en s’appuyant sur saint Thomas d’Aquin, qu’il existe des professions naturelles de la femme, s'appuyant sur des prédispositions féminines. Prédispositions qui n’empêchent pas une singularité et des dispositions singulières, comme chez les hommes. Elle affirme plus loin qu’« un authentique métier féminin, c'est un métier qui permet à l’âme féminine de s’épanouir pleinement ». La femme doit donc se réaliser dans sa profession en recherchant ce qui est le plus dans sa vocation. Elle doit veiller à conserver « une éthique féminine » dans sa profession, en prenant la Vierge Marie comme modèle de la Femme et dans sa destinée.
Cette réalisation doit aussi comprendre une mission spirituelle de la femme, qui se réalise par la vie en Dieu, la prière et les sacrements. Dans cette logique elle critique le manque d’instruction donnée aux femmes, et le manque d’enseignement du catéchisme auprès des femmes, l’éducation se focalisant trop sur la piété. Elle affirme ainsi que « la foi n’est pas une affaire d’imagination, ni un sentiment de piété mais une préhension intellectuelle ». Elle mettra en garde les institutions religieuses, qui, dans l’éducation religieuse, utilisaient trop souvent des moyens coercitifs afin de développer la piété. La foi ne pouvant s’obtenir qu’en vertu de la Grâce, elle affirme la nécessité non pas des contrôles mais de l’exemple dans l’éducation des filles.
Publié le 02/08/2008 à 12:00 par auto23652
Rome, le 30 juillet 2008 - (E.S.M.) - L'athéisme pratique comporte non seulement la mort de Dieu mais la mort de l'homme. Le pape Benoît XVI l'exprime souvent [...], l'homme séparé de Dieu ne parvient plus à trouver son identité ni sa raison d'être.
Le "prince de ce monde" -
"L'une des manières les plus efficaces pour semer la confusion dans les esprits, c'est la suppression des symboles. Le mot "diable" est le contraire du mot "symbole" : diabolos = ce qui sépare; Symbolon = ce qui unit, signe de reconnaissance. Le mépris et la suppression des symboles laissent l'intelligence de l'homme dans le vide, car les réalités les plus profondes se manifestent à nous à travers des signes extérieurs et à travers des symboles."
Benoît XVI : de la réalité des anges déchus
C'est le titre que nous pouvons lire aujourd'hui dans "La Stampa", un quotidien italien, qui reprend un entretien de Monseigneur Andrea Gemma, unique évêque catholique qui pratique habituellement le ministère de l'exorcisme où il livre quelques réflexions personnelles et affirme : "Le Diable existe et je l'ai rencontré" et il ajoute : "Depuis qu'il est élu, le pape Benoît XVI parle souvent de l'existence réelle de l'enfer et de l'action néfaste du démon dans le monde."
En préambule, pour que vous ne pensiez pas que le texte qui suit ne concerne que le XVIème siècle, nous pensons qu'il est essentiel de dire que l'enseignement de l'Église, aujourd'hui, n'a pas varié. Le pape Benoît XVI a développé cette parole dans son encyclique "Deus Caritas est" : "Nous avons reconnu l'amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru" (1Jn 4,16). La vie chrétienne, aujourd'hui comme hier, exige la volonté d'aller à contre-courant. Elle est toujours un choix entre égoïsme et amour, elle nous demande de choisir entre honnêteté et malhonnêteté, finalement entre Dieu et Satan. C'est ce qu'a développé le pape Benoît XVI dans une inoubliable homélie prononcée à Velletri. (lire) A une autre occasion, en présence de plusieurs milliers de jeunes, le pape les invite à se tenir ferme contre les ruses du diable (L'enfer existe éternellement). Plus récemment, il rencontra le clergé de Rome, l'attention fut concentrée en grande partie sur l'existence réelle de l'enfer (mise en garde). Nous pourrions continuer ainsi, il est temps de vous laisser à votre lecture :
Marie-Isabelle ALVIRA
UNE RÉFLEXION SUR LE DIABLE SUGGÉRÉE PAR LA LECTURE DE SAINTE THÉRÈSE D'AVILA
Les derniers temps, c'est-à-dire le temps de l'Église qui s'écoule de la Résurrection du Christ à la fin du monde, revêt un caractère de lutte particulièrement acharnée contre le démon. Celui-ci, en effet, se sachant vaincu par la Croix salvifique du Christ (Catéchisme de l'Eglise catholique, no 1086, no1708), veut mettre à profit ce qui reste de l'histoire humaine pour ôter à Dieu un maximum de gloire. Le combat est dès lors inévitable. Voilà pourquoi l'Apocalypse en particulier décrit la vie de l'Église avec cette vision de lutte.
Comme Patrick de Laubier le rappelle dans Le Temps de la fin des temps, l'expérience des mystiques nous est précieuse par les informations qu'elles nous apportent sur les réalités surnaturelles.
Sainte Thérèse d'Avila est peut-être l'une des mystiques chrétiennes qui a le mieux décrit l'action de Dieu dans son âme. Elle nous livre aussi de nombreuses descriptions et réflexions sur l'action du diable dans sa vie.
En effet, s'il est vrai que le diable tente de détourner l'humanité entière de Dieu, il mène aussi un combat particulièrement rude contre les saints, car ce sont eux qui lui enlèvent le plus de proies; plus l'action du saint sera profonde et universelle, plus le diable s'acharnera d'une manière ou d'une autre contre lui, comme l'histoire de l'Église nous le montre.
Les récits de Sainte Thérèse nous permettront de guider et d'orienter notre réflexion sur la nature et l'activité du diable. Ils renferment en outre une véritable praxis sur la conduite à tenir à son sujet pour le maîtriser et le vaincre. La sainte d'Avila était en toute circonstance une femme pratique. Elle faisait sien l'adage castillan : " Celui qui se sauve a le vrai savoir, autrement il ne sait rien " (Dictionnaire Académie Espagnole Ed. Gredos, 1984, Lettre S, p.4).
Le savoir définitif est le savoir qui sauve, c'est-à-dire le savoir pratique qui comporte le bon usage de la volonté. Notre savoir sur le diable doit par conséquent, nous conduire à la victoire sur lui.
1. Nature et identité du diable
Nous connaissons bien le mot de Baudelaire : "La plus belle ruse du diable est da nous persuader qu'il n'existe pas." Mais il en a élaboré une autre pour ceux qui ont refusé de nier ouvertement son existence : les convaincre que son "statut" n'est pas personnel. Cette opinion a, en effet, souvent été exprimée ces dernières années : "Dire le diable personnel, cela nous semble équivoque (...) Nous dirions volontiers que le diable "ne mérite pas" d'être personnel. Il n'a pas assez de valeur positive pour être personnel (...) Son existence, tout à fait particulière, ne prend pas forcément forme personnelle. C'est pourquoi nous préférons, en ce qui nous concerne, parler de "forces diaboliques" ou encore du "diabolique" plus que du diable proprement dit" (La diable, oui ou non ? PASCAL THOMAS, Paris, Centurion, 1939, p.205)..
L'argumentation sur laquelle s'appuie cette thèse est énoncée clairement par des théologiens comme Urs van Balthasar : "La personne présuppose toujours une relation positive à une autre personne, une forme de sympathie ou du moins une forme d'inclination ou d'intérêt naturel. Mais voilà précisément ce qu'on ne pourrait plus dire d'un être qui aurait rejeté entièrement, radicalement, Dieu, c'est-à-dire l'Amour même" (Espérer pour tous, Paris, Desclée de Brouwer, 1987).
Néanmoins : ce n'est pas parce que le diable ne peut plus aimer qu'il ne possède plus son caractère de personne. Il ne faut pas confondre le plan ontologique et le plan moral. En effet, si le diable est devenu, à cause de son péché, le "professionnel" du mal par excellence, il a été pourtant créé bon, excellent, par Dieu (Catéchisme de l'Église Catholique, no 391) 6 (ibid. n° 2851). Et Dieu, après la faute, n'a pas annihilé ni modifié sa nature. Étant un ange, créature spirituelle, il est une personne (Vie, In Œuvres complètes da Ste Thérèse de Jésus. Paris. Éd. du Seuil, 32. p.345), caractérisée - comme toute personne par son irréductibilité et sa capacité de relation. C'est pourquoi Dieu peut lui parler, comme Goethe nous le rappelle dans son célèbre Faust.
Si l'ange déchu n'a pas perdu, en péchant, son caractère de personne, il a, par contre, perdu à jamais - tout comme l'homme damné -l'espoir de trouver sa vraie identité. Il en est ainsi parce que les créatures personnelles, anges et hommes, ne peuvent trouver leur identité, séparées de Dieu. Créées par lui et pour lui, leur nature ne trouve son accomplissement et sa raison d'être qu'en Dieu.
D'où le drame des damnés et des démons. Il n'y aurait plus de malheur moral pour eux s'ils cessaient d'être des personnes. Mais la description que Sainte Thérèse nous fait de l'enfer nous détrompe : là, en effet, toutes les souffrances sensibles que l'on ressent "ne sont rien encore auprès de l'agonie de l'âme. Elle éprouve une oppression, une angoisse, une affliction si sensible, une peine si désespérée et si profonde, que je ne saurais l'exprimer. Si je dis que l'on vous arrache continuellement l'âme, c'est peu, car, dans ce cas, c'est un autre qui semble vous ôter la vie. Mais ici c'est l'âme elle-même qui se met en pièces" .
Tout comme l'homme damné, le diable a perdu tout espoir de se retrouver lui-même et se met continuellement "en pièces", devenant l'agitation et l'agitateur par excellence.
2. Action du diable
L'agir suit l'être. Chaque être se comporte selon ce qu'il est. Le diable se comporte comme ce qu'il est : un être où coïncident de manière paradoxale le meilleur et le pire : la meilleure nature créée et la pire volonté libre tournée entièrement vers le mal. Comme le dit le vieil adage philosophique : "Corruptio optimi, pessima".
Tout le pouvoir du démon est par conséquent destructeur, négatif. Refusant de servir Dieu, Satan s'efforce d'éloigner la création de son Créateur. Il ne veut pas qu'elle accomplisse sa fin : rendre gloire à Dieu.
Selon l'interprétation de la philosophie classique, le péché est à l'origine du désordre de l'univers. Le professeur R. Spaemann, dans son livre Das Natürliche und das Vernünftige a défendu la thèse selon laquelle le péché qui a brisé l'ordre universel a été le péché de l'ange, le diable étant appelé "le prince de ce monde".
S'il est "prince de ce monde" (Jn 14, 30), l'homme, lui, est le roi de la création et, comme nous le rappelle un autre mystique, il doit ramener à Dieu.
Ce monde où le démon a introduit le désordre : "Il convient Seigneur que je t'aime, afin que je mérite d'être servi par les créatures, qui n'ont d'autre manière de parvenir à toi si ce n'est en me servant moi, lorsque je te sers; lorsque je t'aime et que je suis celui que je dois être, alors toutes les créatures s'unissent à toi et atteignent le but de leur création : moi pour toi et les créatures à travers moi. Mais quand je ne suis pas celui que je dois être, je sème la confusion et perds et pervertis tout ce que tu as créé. En revanche, lorsque je t'aime, par l'amour que je te voue, je répare, unis et conserve l'univers tout entier" (Diego de Estella, Ed. Catalica, 1948, p.384).
Comment le diable s'y prendra-t-il pour s'opposer à ce dessein ? Car si Dieu Créateur ne s'impose pas à sa créature, respectant ainsi sa liberté, le diable, lui, peut encore moins le faire. Son pouvoir est grand, mais limité. Il sait qu'il ne peut pas s'imposer directement à un être libre. Il doit agir "en biais", en déployant une stratégie rusée et séductrice. Cette stratégie consiste en un exercice constant de séparation.
Il est possible de discerner deux sortes de stratégies de la part du démon :
I - Une générale, qu'il essaie de déployer à travers l'histoire.
II - Une particulière, qui s'adresse à chaque homme.
I - Sa stratégie générale vise successivement deux fronts:
a) Le front surnaturel : spirituel, ecclésial, théologique.
b) Le front naturel : philosophique et moral.
a) Il s'agit d'abord de couper les hommes de la vie da la grâce, de l'union avec Dieu.
Pour cela, il voudrait en finir avec l'Église qui dispense la grâce à travers les sacrements, ou tout au moins en écarter le maximum de chrétiens. Sainte Thérèse a été témoin au cours du XVIème siècle de l'effort réalisé pour relativiser la valeur des sacrements. En effet, ce furent des chrétiens désireux de parvenir à une conception plus pure du christianisme, qui supprimèrent dans une grande partie de l'Europe les sacrements de l'Ordre, de l'Eucharistie et de la Pénitence.
La mort du Christ sur la Croix inaugure la victoire "historique" sur le diable. Or, la Sainte Messe célébrée par le prêtre in persona Christi perpétue et renouvelle le Sacrifice du Calvaire. L'absence du prêtre implique l'absence de la Messe, l'absence de la présence réelle du Christ, l'absence du sacrement de Réconciliation qui redonne la vie de la grâce à celui qui l'a perdue...
Quand on observe une carte de l'Europe du XVI" siècle - le siècle de Sainte Thérèse ainsi que de la Réforme Protestante - on peut avoir l'impression d'assister à l'effondrement de l'Église Catholique, tant les défections des peuples ont été massives à la suite de leur roi. C'est ce qui pousse Sainte Thérèse à s'écrier : "0 mon Rédempteur, je ne puis supporter ce spectacle sans que mon coeur soit brisé de douleur ! Que sont devenus aujourd'hui les chrétiens ? (...) Le monde est en feu l On voudrait, pour ainsi dire, condamner de nouveau Jésus-Christ puisqu'on l'accable de tant de calomnies ! On voudrait en finir avec son Église ! (Chemin de la Perfection, ch 1, p. 584-585).
Cependant, même si l'on peut quitter l'Église et croire toujours en Dieu, du déisme à l'athéisme, il n'y a pas une grande distance à parcourir. Le seuil a été vite franchi. Pourtant l'athéisme théorique implique une justification, une réflexion sur Dieu. L'athéisme absolu et plus achevé est sans doute l'athéisme pratique qui se passe de toute préoccupation intellectuelle, de toute référence. Il a par conséquent l'avantage d'être moins prétentieux, de se présenter de manière plus modeste : à chacun sa vérité, tout est relatif, il faut surtout vivre...
"La philosophie, selon F. Vandenbroucke, a cherché les bases rationnelles d'une négation de Dieu sans précédent dans l'histoire de la pensée humaine. Cette recherche a suivi une courbe qui commença par la 'sécularisation' du Christianisme, pour atteindre sa 'liquidation', au terme de laquelle apparaît paradoxalement le déchaînement des forces démoniaques" (Vld. "Démon" in Dictionnaire de Spiritualité Ascétique et Mystique, Paris, Beauchesne.1937 - 1988, coll. 231-232).
b) une fois le front surnaturel "dépassé", le diable peut facilement s'attaquer au front "naturel", car une nature sans sur-nature est forcément, dans l'état actuel de l'homme, une nature pécheresse.
L'athéisme pratique comporte non seulement la mort de Dieu mais la mort de l'homme, comme nombre de philosophes modernes l'ont mis en relief. Et cela parce que, tout comme l'ange, l'homme séparé de Dieu ne parvient plus à trouver son identité ni sa raison d'être. La grâce est la lumière qui lui permet de se reconnaître, de voir en lui ce Dieu dont il est à l'image. Car il est image... Mais s'il la rejette, il tombe comme Satan dans cet orgueil qui le pousse à vouloir être Dieu le Père, Créateur et origine de toute chose. Alors, il veut toute la gloire pour lui-même; alors il veut remodeler sa nature et se dégager de toute loi morale; alors il veut être maître de la vie et de la mort...
Il - Cependant le diable sait qu'une stratégie générale n'est pas suffisante.
Voilà pourquoi il dresse, selon l'expression de Sainte Thérèse, toute une "batterie" pour gagner chaque âme. Son arme ordinaire est la tentation qui est une invitation "personnalisée". Cette invitation est lancée à travers un dialogue rusé et séducteur, car il s'agit en définitive de tromper l'intelligence de l'homme et d'affaiblir sa volonté pour le pousser à pécher.
a) Action sur l'intelligence
Il est intéressant de signaler que le diable cherche à accéder à l'intelligence et à la volonté de l'homme à travers l'imagination et l'appétit sensible.
"C'est l'imagination que le démon trompe et séduit" (V.D. 3 p. 917). Il n'a pas beaucoup de difficultés à le faire dans un monde matérialiste où l'imagination reproductrice d'images est constamment sollicitée et comme exacerbée. En revanche, l'imagination créatrice, intimement liée à l'intelligence et à l'effort intellectuel est devenue très pauvre.
Or, l'intelligence nous a été donnée pour saisir la vérité et en définitive pour contempler la Vérité par excellence : Dieu.
"Cette vérité dont je parle, et qui a daigné se révéler à moi, est en soi la Vérité même; elle est sans commencement et sans fin. Toutes les autres vérités dépendent de cette Vérité, comme tous les autres amours, de cet Amour, et toutes les autres grandeurs, de cette Grandeur" (Vie 40, p.463).
En revanche, "tout ce qui vient du démon est mensonge comme lui" (Vie 15, p.152). Alors que le Christ est le Logos, la Parole, le diable est le parler trompeur. Grand connaisseur des techniques rhétoriques, il cherche à obscurcir la raison et à confondre les idées. "Le mensonge est l'offense la plus directe à la vérité. (...) En blessant la relation de l'homme à la vérité et au prochain, le mensonge offense la relation fondatrice de l'homme et de sa parole au Seigneur" (Catéchisme de l'Église Catholique n° 2483).
L'une des manières les plus efficaces pour semer la confusion dans les esprits, c'est la suppression des symboles. Le mot "diable" est le contraire du mot "symbole" : diabolos = ce qui sépare; Symbolon = ce qui unit, signe de reconnaissance. Le mépris et la suppression des symboles laissent l'intelligence de l'homme dans le vide, car les réalités les plus profondes se manifestent à nous à travers des signes extérieurs et à travers des symboles.
"D'une manière habituelle, notre pensée a besoin d'un appui" (Vie 22, p. 226) .
En effet, "l'homme étant un être à la fois corporel et spirituel, il exprime et perçoit les réalités spirituelles à travers des signes et des symboles matériels. Comme être social, l'homme a besoin de signes et de symboles pour communiquer avec autrui, par le langage, par des gestes, par des actions. Il en est de même pour la relation à Dieu" (Catéchisme de l'Église Catholique n" 1146).
"Il y avait en moi si peu d'aptitude pour me peindre les objets à l'aide de l'entendement, que je ne pouvais imaginer les choses que je n'avais pas sous les yeux (...) Voilà le motif pour lequel j'aimais tant les images. Hélas I qu'ils sont malheureux ceux qui, par leur faute, se privent d'une ressource aussi précieuse l On voit bien qu'ils n'aiment pas notre Seigneur. S'ils l'aimaient, ils seraient contents de voir son portrait; car même ici-bas c'est une joie de voir le portrait d'un ami" (Vie 9, p. 91).
C'est donc une ruse caractérisée du démon d'enlever d'abord tout ce qui peut réveiller en nous l'amour de Dieu, ainsi que tout ce qui nous rappelle la dignité, la nature, la profondeur, la raison d'être, la finalité des diverses réalités voulues par Dieu. La suppression ou le mépris des signes comporte une subversion profonde, comme l'histoire récente nous le montre.
b) Action sur la volonté
Le diable cherche à affaiblir la volonté par deux moyens essentiels :
1 - En inspirant la peur de faire le bien. Il cherche à décourager.
2 - En incitant au péché. Tout péché enchaîne la volonté.
1- Il inspire la peur sur les personnes ordinaires, afin de les empêcher de viser la sainteté et de les installer ainsi dans la tiédeur et dans la médiocrité. C'est le cri : "je ne peux pas !"
Il veut d'abord, par dessus tout, empêcher le dialogue personnel de la prière, car elle est la porte et le chemin sûr de l'amour de Dieu. C'est dans la prière que naissent les grands désirs de sainteté ainsi que la force pour les mettre en œuvre.
Or "le diable ne veut pas que tous soient saints" (Lettre de Sainte Thérèse au Père Gratien, novembre 1576). "Je crois que le démon porte beaucoup de préjudice aux âmes qui font oraison, et les empêche de réaliser de grands progrès par les fausses idées qu'il leur donne de l'humilité. Il leur représente qu'il y a de l'orgueil à entretenir de grands désirs, à vouloir imiter les saints, à souhaiter le martyre (...) Nos cœurs sont tellement étroits que la terre, ce semble, va nous manquer, sî nous venons à négliger tant soit peu le corps, pour veiller aux intérêts de l'âme" (Vie 13, p. 124).
Alors qu'il agit habituellement sur l'imagination pour inspirer la peur, il doit avoir recours à des moyens plus importants pour inspirer la peur paralysante aux saints : c'est ce qu'il a fait avec Sainte Thérèse à maintes reprises, en lui apparaissant et en la soumettant à des tourments, lui infligeant des coups, etc. (Vld. Vie, 31).
Il percevait sans doute le rayonnement de sa vie et de son œuvre au long de l'histoire, ses appels pressants à une vie de prière. La vie mystique, telle que Sainte Thérèse l'a vécue, suppose en quelque sorte un avant-goût du ciel, une présence extraordinaire de Dieu dans l'âme. La mystique thérésienne, tout comme les autres mystiques espagnols du XVIème siècle, lance une invitation universelle à la prière mentale. En outre, sa personnalité attrayante et son langage populaire touchent un très large public. Les difficultés auxquelles le mouvement mystique et la Réforme Carmélitaine ont eu affaire ont été immenses.
2 - Le diable incite au péché en introduisant ainsi une triple séparation
* le péché brise l'unité de l'homme, produisant en lui une tension inévitable. La paix est le fruit de l'union des puissances de l'homme entre elles et avec Dieu.
* le péché brise l'unité avec les autres
* le péché brise l'unité avec Dieu
Rien, nous le savons, ne désintègre autant la personnalité humaine, la société et le monde que le péché.
Enfin, dans cette situation, le démon est aussi Satan, l'accusateur. L'accusateur de Dieu et de l'homme. Il prétend par là empêcher le retour à Dieu, en enlevant la confiance et en poussant au désespoir.
3. Pouvoir de l'homme sur le diable
Arrivés à ce stade de notre réflexion, nous pouvons nous demander ce que nous pouvons faire pour vaincre le diable.
Le diable est soumis à Dieu. S'il a reçu de Dieu la permission de mettre l'homme à l'épreuve, il ne peut outrepasser le pouvoir qui lui a été donné. De plus, comme nous l'avons dit, il ne peut pas faire violence à la liberté de l'homme. Le péché" est toujours volontaire. "Ma fille, la lumière est bien différente des ténèbres; je suis fidèle; personne ne se perdra sans le savoir" (Relation 22, p.547). Après de violentes tentations, Sainte Thérèse écrit : "Parfois, il m'a semblé que les démons s'amusaient à se renvoyer mon âme comme une balle, sans qu'elle put s'échapper de leurs mains (...) La seule lumière du libre arbitre demeure toujours" (Vie 30, p. 318)..
La tradition chrétienne propose de nombreux moyens pour vaincre le diable. Etant impossible de les énumérer tous, nous soulignerons, suivant Sainte Thérèse, trois moyens qui se rattachent à l'exercice des vertus théologales :
1. La recherche d'une science humble, ce qui fortifie la foi : "A mon avis, le démon redoute souverainement la science humble et vertueuse; il sait qu'alors ses ruses seront déjouées et qu'il sortira vaincu du combat" (Vie 13, p.133).
"Il redoute comme la peste les dispositions fondées sur la vérité. Il est ami du mensonge et le mensonge même; aussi, il ne fera jamais de pacte avec celui qui marche dans la vérité" (Vie 25, p.266).
2. La détermination, doublée de la bonne humeur, ce qui est une manifestation de la vertu d'espérance :
"Le démon redoute beaucoup les âmes vaillantes. L'expérience lui a appris quels préjudices elles lui causent Tout ce qu'il fait pour leur nuire tourne à leur avantage et à celui du prochain, et finalement c'est lui qui y perd" (Chemin de la Perfection 25, p.702).
"Si, en effet, ce Maître est tout-puissant, comme je le vois et je le sais, si les démons sont ses esclaves, comme la foi ne me permet pas d'en douter, quel mal peuvent-ils me faire à moi, dès lors que je suis la servante de ce Seigneur et de ce Roi ? Pourquoi n'aurais-je pas la force de combattre contre tout l'enfer réuni ? Je prenais à la main une croix et il me semblait en vérité que Dieu me donnait du courage. En très peu de temps, je me vis toute transformée et je n'aurais pas craint de me mesurer avec tous les démons à la fois; il me semblait qu'avec cette croix, je pouvais facilement les vaincre tous.
Aussi, je leur disais : maintenant, venez tous, je suis la servante de Dieu, je veux voir ce que vous pouvez contre moi !
Ce qui est hors de doute, à mon avis, c'est qu'ils avaient peur de moi. Je me trouvais si tranquille et si rassurée contre eux tous que toutes mes craintes antérieures se sont dissipées. S'il m'est arrivé parfois de les voir depuis lors (...), non seulement je n'en avais presque aucune crainte, mais il me semblait plutôt que j'étais pour eux un objet de terreur. J'avais donc acquis, par la bonté manifeste du Maître du monde, un tel empire contre eux, que je n'en faisais pas plus de cas que de simples mouches. A mon avis, ils sont tellement lâches que, s'ils se voient méprisés, ils n'ont plus aucun courage. (...) Daigne Sa Majesté imprimer en nos coeurs la seule crainte que nous devons avoir et nous faire comprendre' qu'un seul péché véniel peut nous causer plus de mal que tout l'enfer réuni, comme c'est la vérité" (Vie 25, p. 265 - 266).
Et elle ajoute plus loin : "Je ne puis concevoir les craintes qui provoquent ces exclamations : Le démon ! Le démon l quand nous pouvons dire : Mon Dieu I Mon Dieu I et faire ainsi trembler l'esprit de ténèbres. Ne savons-nous pas qu'il ne peut faire le moindre mouvement, si Dieu ne le lui permet ? Pourquoi donc ces frayeurs ? Pour moi, je l'affirme, je redoute bien plus ces hommes si timides devant le démon, que le démon lui-même" (lbid. p.287).
3. Le recours au pardon de Dieu est ce qui nous permet de recouvrer la charité.
Sainte Thérèse ne cesse de nous parler tout au long de ses œuvres de la miséricorde de Dieu. "Elle gémît d'avoir offensé Dieu, mais elle se sent dilatée par sa miséricorde" (lbid. 30, p. 317).
Le recours au pardon divin est le chemin sûr et efficace pour revenir vers Lui, et échapper ainsi à l'emprise du diable. Car, par le péché, il nous tient soumis à lui.
Les textes thérésiens sur la miséricorde de Dieu et sur le recours au sacrement de pénitence sont innombrables. Le pardon est l'une des manifestations les plus éclatantes de l'Amour : Dieu nous rachète en rachetant notre passé : "Tous tes péchés sont devant moi comme s'ils n'avaient jamais existé ; il te faut maintenant prendre courage" (Relations 58, p.574).
C'est ce même courage, manifestation éclatante du pouvoir de l'amour, qui soutiendra, selon Sainte Thérèse, les "apôtres des derniers temps" : "Faisant un jour oraison, avec beaucoup de recueillement, de douceur et de quiétude, il me semblait que j'étais toute environnée d'anges et très rapprochée de Dieu. Je me mis à prier avec ferveur Sa Majesté pour les besoins de l'Église. Il me fut donné de voir le grand bien qu'un certain Ordre devait faire dans les derniers temps et le courage avec lequel ses membres soutiendraient la foi" (Vie 40, p.468-469).
En effet, celui qui contente Dieu "peut fouler aux pieds tout l'enfer" (Vie 28, p.292).
Sources : spip.php-article154 - E.S.M.
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 30.07.08 -T/Théologie
Publié le 30/07/2008 à 12:00 par auto23652
«Dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel.»
Le Grand silence: une introspection sans fin
Le tapage de notre société de consommation serait-il le plus terrible, celui de la vacuité?
Extrait de Monseigneur Jean-Louis BRUGUÈS
LA CLÔTURE : APPROCHE THÉOLOGIQUE
La clôture existe depuis les premiers temps de la vie monastique. La dernière interprétation autorisée est fort récente : le 13 mai 1999, la « Congrégation romaine pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique » rendait publique l’Instruction Verbi sponsa, sur la vie contemplative et la clôture des moniales. Cette dernière revêtirait une quadruple dimension théologique.
1°) La solitude avec Christ
Tout chrétien est appelé à suivre le Christ. Toutefois les chemins de l’imitation diffèrent selon les vocations personnelles. Le moine se propose de rechercher le Christ dans les lieux de solitude où celui-ci retrouvait son Père et s’entretenait intimement avec lui, selon l’Evangile.
Nous avons déjà souligné l’importance du désert. Les quarante jours passés dans le désert ont constitué le préambule ou la préparation préalable de Jésus à sa mission publique. Le désert est perçu de manière ambivalente : lieu de tentation, de combat et d’affrontement contre le démon et les forces du mal, il est aussi l’endroit des retrouvailles et de l’intimité avec Dieu.
La clôture favorise une manière particulière d’être avec le Christ, puisqu’elle propose de partager sa solitude et sa prière contemplative.
2°) Une demande d’amour
On ne comprendrait rien au christianisme si l’on oubliait que l’amour réside au cœur de son mystère. Dieu est Amour, communion des personnes divines. Il crée par amour et par amour encore il envoie le Fils pour le salut de l’humanité entière. Le Christ appelle chaque homme à l’amour. Son amour à lui été absolu, puisqu’il l’a conduit au sacrifice de soi sur la croix. Certains baptisés sont conduits par l’Esprit à répondre par un amour absolu à celui du Christ. C’est le cas des moines.
L’homme vivra cet amour sur le mode de l’imitation et de la reproduction de la personne du Christ. La femme verra en lui l’Epoux par excellence et s’unira à lui dans des épousailles mystiques. Elle recherchera l’intimité et le face à face constant avec lui.
On sait l’importance du thème du mariage mystique avec le Christ dans la littérature spirituelle et monastique. La clôture marque alors l’espace privé et sacré de l’intimité sponsale.
3°) La dimension ascétique
L’entrée volontaire dans un monastère ne va pas de soi. Celui qui s’y risque y perd sa vie, selon les termes mêmes de Jésus ; il choisit une voie faite de renoncement, tandis que le vœu de pauvreté le met dans un état de dépendance radicale.
Or, ce sont là les conditions de la virginité monastique. Dans l’espace fermé du cloître, la moniale apprend les conditions pratiques de la sixième béatitude, la plus solennelle selon les spécialistes : « Bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu ».
La clôture a pour objectif de favoriser l’intimité sponsale des moniales avec l’Epoux et ainsi de limiter à l’essentiel les échanges avec l’extérieur.
4°) Au cœur de l’Eglise
En choisissant de se mettre à l’écart de la société, les moines se retrouvent au cœur de l’Eglise. Cette affirmation se trouve vérifiée de deux manières.
La communauté monastique est dite eschatologique : par la qualité et la ferveur des échanges fraternels qui la caractérisent, elle préfigure le Royaume de Dieu et anticipe ce que deviendra la condition humaine quand tout se trouvera récapitulé dans le Christ.
On n’entre jamais seul au monastère. Celui que s’y présente sait qu’il passera son existence à prier pour ceux qui se recommandent à lui, ou ceux qui ne prient pas. Il intercède pour eux. Sans cesse, il les présente à la miséricorde divine. En ce sens, on peut soutenir que les monastères constituent le fondement, ou le poumon spirituel, de la mission de l’Eglise : une carmélite, Thérèse de Lisieux, fut ainsi proclamée patronne des missions.
La clôture vise alors à garantir les conditions d’exercice de cette mission d’intercession.
LA CLÔTURE : SES APPLICATIONS PRATIQUES
Il existe plusieurs formes de la clôture religieuse. Les moniales jouissent de la forme la plus rigoureuse, dite clôture papale.
La clôture papale présente les caractéristiques suivantes :
- Elle couvre non seulement les lieux d’habitation, mais encore tous ceux, internes et externes, dans lesquels les moniales se rendent habituellement.
- Elle doit être matérielle et efficace et non pas seulement symbolique. C’est ainsi, par exemple, que les portes doivent être fermées à clé, et des murs construits, afin d’interdire l’entrée et la sortie.
- Condition sine qua non de la vie monastique, elle est donc obligatoire. Le monastère ne se donne pas à lui-même la clôture dont il pense avoir besoin ; il la reçoit de l’Eglise et ne peut donc la modifier de sa propre initiative.
- Elle règle les échanges avec l’extérieur. C’est ainsi, par exemple, que les moniales sont autorisées à sortir en cas de péril grave et imminent ; ou encore, avec la permission de la supérieure régulière, pour consulter le médecin ou être hospitalisées ; pour l’exercice des droits civiques, ou pour réaliser un travail particulier.
Si l’absence de la moniale dépasse la semaine, la supérieure doit solliciter l’accord de l’évêque du lieu ; si elle excède les trois mois, c’est l’accord du Saint-Siège qui doit être obtenu.
***
Ces quelques rappels sommaires n’appellent pas de conclusion, semble-t-il. Je me contenterai d’attirer votre attention sur une dernière particularité de la vie monastique. Il existe, donnant nécessairement sur le cloître, un espace bien particulier : la salle capitulaire. Les moines s’y rendent tous les jours pour y entendre le commentaire de la Règle. Ils s’y rendent aussi, à intervalles fixes, pour y discuter des affaires communes et prendre, par un vote, les décisions qui s’imposent. Enfin, ils y tiennent régulièrement un chapitre dit « des coulpes », au cours duquel chacun sollicite le pardon de la communauté ou d’un frère en particulier quand son comportement a pu les offenser.
Le symbolisme des lieux ne peut pas ne pas nous frapper. La salle du chapitre doit toujours rester ouverte sur le cloître qui, lui, grâce à la clôture, n’est ouvert que sur le ciel. Le pardon constitue ainsi la voie la plus nécessaire et la plus sûre pour entrer dans la vie de Dieu.
Cette longue expérience chrétienne, presque bi-millénaire, nous oblige à nous demander alors quel peut être l’avenir d’une société comme la nôtre qui réclame de plus en plus de justice et poursuit la moindre responsabilité, mais ne veut ou ne peut accorder la moindre place au pardon.
Extrait de Jean-Louis BRUGUÈS
Evêque d’Angers
Publié le 29/07/2008 à 12:00 par auto23652
La Grande Chartreuse
« La contemplation et l'action, c'est le double visage de la vie. » La première illumine la seconde, en effet, et la guide; celle-ci prépare à celle-là son pain quotidien. L'une et l'autre évertuent nos puissances, les entraînent, les reposent tour à tour par un balancement harmonieux et les conduisent à l'équilibre. Comme la théologie est un regard sur Dieu de la raison rectifiée, comme la liturgie est un envol vers Dieu de l'affectif discipliné, ainsi la contemplation va chercher l'eau des fontaines éternelles pour le rafraîchissement de sa sœur aux mains calleuses, ainsi l'action tonifie la contemplation, redonne la vigueur à ses élans et la mesure à ses rêves.
Comme la théologie et la liturgie sont les deux visages de la religion vraie, la vie active et la vie contemplative, parallèlement pratiquées, aménagent au disciple une existence mystérieuse, à laquelle ceux du dehors ne comprennent rien et dont les rares élus ne racontent que de très brefs récits.
L'Amour est le principe de tout cela; il s'agit d'en agrandir l'étincelle que le Père nous confia, de l'approfondir, de la discipliner, de la transmuer. Nous aimons l'argent, les sciences, les arts, les machines, la réputation, les grands paysages, l'orgueil d'être obéis, les chaînes de la fortune, l'oisive liberté du vagabond, le cœur de nos amis. Mais c'est nous-mêmes que nous chérissons à travers ces objets. Toutes ces amours voilent l'Amour; il faut greffer ces sauvageons, extraire de ces venins la médecine de la Sagesse, atteindre, au delà de ces fantômes décevants, la Réalité permanente, toujours identique à elle-même.
L'Amour, bon ou mauvais, repose dans les ténèbres de l'inconscient; il préexiste à la rencontre extérieure dont le choc semble le faire naître. Uni à l'imagination, il engendre le désir; celui-ci, épousant son objet, génère la volonté; cette dernière, enfin, s'incarne dans l'acte, qui assure l'équilibre de tout le système. Prenons donc pour règle de toujours poursuivre jusqu'à l'acte le prolongement de nos pensées, de nos désirs, de nos impressions. Dès que l'un de ces mouvements émerge à la surface de notre conscience, demandons-nous immédiatement à quelle œuvre il nous sollicite.
L'ascétisme est la lutte contre soi-même entreprise pour transformer en vertus chacune des forces égoïstes. Aussi le travail ascétique dure-t-il toute la vie; jamais il ne se termine, car le mauvais ferment subsistera en nous jusqu'à la minute lointaine du baptême en Esprit.
Tous les artistes affirment que la maîtrise ne s'obtient que par un certain nombre d'exercices inlassablement répétés. Mais la maîtrise spirituelle exige bien d'autres efforts et une tout autre persévérance. L'ascète a entendu la voix de sa vocation, il se dirige vers elle avec toutes ses énergies, qui sont les aspects multiformes de l'Énergie fondamentale : l'Amour. Et chacun de ses efforts ascendants évoque irrésistiblement la descente d'un mode, de plus en plus parfait, de l'Idéal auquel son cœur brûle de donner asile.