Oecuménisme
Publié le 02/05/2009 à 12:00 par auto23652
Le geste fou de bonne volonté de Benoît XVI
Le « New York Times » vante la « folie » du pape (Lu sur benoit-et-moi)
"Il n'y a aucune explication à la folie, excepté de reconnaître que c'est peut-être la qualité humaine la plus attachante et la plus créatrice. Et à la longue, elle peut être beaucoup plus productive que la diplomatie prudente."
" Ce qui est sagesse aux yeux des hommes est folie aux yeux de Dieu"
Le 01 mai 2009 -
Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - A peu de jours de son voyage en Terre Sainte, terrain miné par excellence, Benoît XVI a reçu de l'insoupçonnable « New York Times » un symbolique laurea ad honorem pour sa « folie ».
Oui, vraiment. Citant dès le titre le célèbre « Eloge de la folie » d'Erasme de Rotterdam, l'éditorialiste du grand journal libéral new-yorkais a reconnu au Pape Joseph Ratzinger d'avoir agi avec une vraie sagesse précisément lorsque la logique du monde était toute entière contre lui et le tenait pour fou : que ce soit lorsqu'il a prononcé le discours de Ratisbonne, ou quand il a levé l'excommunications aux évêques lefebvristes, ou quand il a mis en garde contre la lutte contre le SIDA avec le préservatif.
Par ses actes, a écrit le « New York Times », Benoît XVI non seulement s'est comporté selon l'Évangile - par exemple, avec les lefebvristes, avec la « folie » de laisser les 99 brebis pour se mettre à la recherche de l'unique brebis égarée - mais il a obtenu des résultats concrets indiscutables, renversant tous les pronostics.
Grâce à la leçon de Ratisbonne, il a ouvert au dialogue entre christianisme et islam un chemin non pas de pur protocole, mais centré sur les questions capitales du rapport entre foi, raison et violence.
Grâce à la révocation de l'excommunication à un évêque comme Williamson, il a attiré l'attention de tous sur les raisons fondatrices d'un rapport positif entre l'Église et les juifs
Voici le texte intégral du commentaire paru sur le « New York Times » le 28 avril dernier. L'auteur, John Berwick, est spécialiste en questions religieuses pour la station allemande internationale DW-TV.
L'éloge de la folie, NYT
par John Berwick
Le porte-parole du Vatican Federico Lombardi a de bonnes raisons de se sentir nerveux. Le 8 mai, le pape Benoît XVI commence une visite de huit jours au Moyen-Orient. Le pape ne pense pas beaucoup aux conseillers en communication politique (spin doctors). Mais quand il fait des vagues, c'est son directeur des communications qui doit écoper l'eau hors du bateau.
Le pape a déjà causé au père Lombardi un certain nombre de maux de tête. Dans une Conférence de presse sur le vol papal vers le Brésil en mai dernier (en fait en 2007, ndt), Benoît XVI a semblé suggérer que les législateurs qui soutiennent les lois permettant l'avortement devraient être excommuniés. Cela a suscité une discussion torride dans le plus grand pays catholique du monde. La passion a éclipsé le voyage entier (pas vraiment, quand même, ndt).
Comme on pouvait s'y attendre, quand le pape a volé vers l'Afrique en mars dernier, le père Lombardi a dit fermement : Aucune conférence de presse en vol (???). Mais en route pour le Cameroun, le pape a dit à des journalistes que la distribution des préservatifs contribuait à l'épidémie du sida. Des organismes de santé internationaux ont été exaspérés.
Benoît XVI a fait son premier lapsus public majeur en septembre 2006, un jour après le cinquième anniversaire des attaques terroristes du 11 septembre. L'ancien professeur de théologie a spéculé qu'il pourrait y avoir une corrélation entre le rôle subalterne de la raison dans l'Islam et la violence commise en son nom. Ses commentaires ont été entendus comme une invitation au dialogue interreligieux, basé non pas sur l'approche complaisante de son prédécesseur Jean Paul II mais sur l'examen franc des différences entre l'Islam et le christianisme.
Peut-être que personne n'était plus étonné et choqué que lui quand les musulmans radicaux, en Cisjordanie, ont répondu en mettant le feu à des églises catholiques.
Mais ce n'était pas la fin de l'histoire. Un groupe international de 138 savants islamiques a écrit au Vatican, demandant une occasion d'exposer leurs cas. Le pape les a rencontrés et a fait des excuses (?) pour avoir blessé les susceptibilités musulmanes. Deux ans après, un sommet Catholique / Musulmans sans précédent s'est tenu au Vatican. Il a eu comme conséquence la création d'un forum interconfessionnel permanent.
Le travail de ce groupe, qui inclut des chercheurs et des chefs représentant chaque pays musulman et chaque école principale de l'Islam, a été à peine remarqué par les médias. Et c'est probablement une bonne chose. Les discussions sont sensibles, les progrès iront probablement en grandissant. Mais sa seule existence est une sensation. C'est la première fois en mille ans de coexistence que les deux plus grandes fois monothéistes du monde, représentées par des croyants de haut rang, discutent de leurs différences dans un esprit de respect mutuel et de questionnement véritable. Et sans les remarques désobligeantes de Benoît de XVI à Ratisbonne, folles, selon toutes les normes de diplomatie, cela ne se serait pas produit.
Le second lapsus public monumental du pape concerne l'excommunication en janvier de quatre évêques catholiques ultra conservateurs, y compris celle de Richard Williamson, qui avait nié l'holocauste. Des groupes juifs ont réagi avec fureur ; beaucoup de catholiques, avec incrédulité. Dans un mouvement sans précédent, le chancelier d'Allemagne Angela Merkel a publiquement demandé au pape la « clarification » de ses actes. A nouveau, le père Lombardi a dû écoper l'eau.
Le porte-parole du Vatican a expliqué que les évêques « n'avaient pas été entièrement réintégrés, » que la levée de l'excommunication était simplement « un geste de compassion, » une invitation au dialogue. Mgr Robert Zollitsch, Président de la conférence allemande des évêques catholiques, a ajouté que c'était le « cauchemar » de Benoît XVI que les ultraconservateurs puissent avoir le dernier mot et rompre avec l'église durant son pontificat.
Il n'y a aucune raison de supposer que ce pape aurait eu quelque complaisance pour l'antisémitisme. Il a activement favorisé des relations Catholiques / Juifs pendant des décennies et dit publiquement qu'il ne pouvait y avoir aucune place dans l'église pour l'antisémitisme.
Néanmoins, son désir obsessionnel de préserver l'unité de l'Eglise était là encore une folie - comme est une folie, en fait, que ce berger dans la parabole des moutons perdus, ait laissé les 99 de son troupeau pour aller à la recherche de celui qui était égaré. D'ailleurs, comme le grand catholique et humaniste du XVIème siècle Erasme de Rotterdam, l'a précisé, les évangiles sont remplis de telles folies.
A présent, on a l'impression que le geste « compatissant » du pape ne portera pas le fruit désiré. Mais, paradoxalement, il a concentré l'attention sur Nostra Aetate, un décret du Concile Vatican II, qui a marqué un nouveau commencement dans des relations Catholique-Juives au milieu du XXème siècle. Il enseigne que le judaïsme n'a pas été remplacé par la chrétienté; le pacte de Dieu avec les juifs est éternel. Et donc le judaïsme occupe une place spéciale à côté du christianisme.
Certains éléments conservateurs dans l'Eglise ont contesté que Nostra Aetate puise lier, parce que c'est « simplement » un décret, pas une constitution ou une déclaration. Ce sophisme est maintenant mis en évidence. Et sans le geste fou de bonne volonté de Benoît XVI envers l'évêque Williamson, il n'aurait jamais pu l'être.
Peut-être aurions-nous du être moins inquiets des lapsus publics du pape que les arbitres du politiquement correct ne le souhaitaient. Dans son « éloge classique de folie, » Erasme a conclu : « Tous les hommes sont des fous, même les pieux. Le Christ lui-même, bien qu'il ait été la sagesse du Père, a pris sur lui la folie de l'humanité afin de racheter les pécheurs. Il n'a pas choisi de les racheter d'une quelconque autre manière mais par la folie de la croix et par des disciples ignorants et sots. »
Il n'y a aucune explication à la folie, excepté de reconnaître que c'est peut-être la qualité humaine la plus attachante et la plus créatrice. Et à la longue, elle peut être beaucoup plus productive que la diplomatie prudente.
Sources : Trad. benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 01.05.09 - T/Brèves
Publié le 04/04/2009 à 12:00 par auto23652
Le dialogue sur l’esprit de pauvreté, avec les Bouddhistes pour la Fête de Vesakh
Chers amis bouddhistes,
1. La prochaine fête du Vesakh/Hanamatsuri est pour moi l’heureuse occasion de vous adresser, au nom du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux, nos sincères félicitations et nos vœux les plus cordiaux : puisse cette fête, une fois encore, apporter joie et sérénité dans le cœur de tous les bouddhistes de par le monde ! Cette célébration annuelle offre aux catholiques l’occasion d'échanger des salutations avec leurs amis et voisins bouddhistes et de renforcer ainsi les liens d’amitié existant et d’en créer de nouveaux. Ces signes de cordialité nous permettent de partager les uns avec les autres nos joies, nos espoirs et nos trésors spirituels.
2. Alors que durant cette période nous vous exprimons, à vous amis bouddhistes, notre témoignage de proximité, il devient toujours plus clair qu’ensemble, dans la fidélité à nos traditions spirituelles respectives, nous pouvons non seulement contribuer au bien-être de nos propres communautés, mais également à toute la communauté humaine. Nous sommes convaincus que le défi qui se pose à nous est, d'une part, celui du phénomène toujours plus vaste de la pauvreté sous ses diverses formes et, d'autre part, de la poursuite effrénée des possessions matérielles et l’ombre envahissante du consumérisme.
3. Comme l’a récemment indiqué Sa Sainteté le pape Benoît XVI, la pauvreté peut être de deux sortes très différentes : une pauvreté « à choisir » et une pauvreté « à combattre » (Homélie du 1er janvier 2009). Pour un chrétien, la pauvreté choisie est celle qui nous permet de mettre nos pas dans ceux de Jésus-Christ. Ainsi, un chrétien se dispose à recevoir les grâces du Christ Jésus qui pour nous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin de nous enrichir par sa pauvreté (Cf. 2 Corinthiens 8, 9). Nous comprenons cette pauvreté avant tout comme un renoncement à soi-même de l'individu, mais également une acceptation de soi-même tels que nous sommes, avec nos talents et nos limites. Il s’agit d’une pauvreté qui crée en nous une volonté d'écouter Dieu ainsi que nos frères et sœurs, dans un esprit d’ouverture, en les respectant comme individus. Nous apprécions toute la création, y compris les accomplissements du travail humain, mais nous sommes conduits à le faire dans la liberté et avec gratitude, attention et respect, unis à un esprit de détachement qui nous permet d'employer les biens de ce monde comme si « démunis de tout, nous possédions tout » (2 Corinthiens 6, 10).
4. En même temps, comme le remarque le pape Benoît XVI, « il existe une pauvreté, une indigence, que Dieu ne désire pas et qui doit être "combattue" ; une pauvreté qui empêche les personnes et les familles de vivre selon leur dignité; une pauvreté qui offense la justice et l'égalité et, comme telle, menace la coexistence pacifique » (l. c.). En outre, « dans les sociétés riches et avancées, se trouvent des phénomènes de marginalisation, de pauvreté relationnelle, morale et spirituelle: il s'agit de personnes intérieurement désorientées, qui connaissent diverses formes de malaise malgré le bien-être économique » (Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2009, n. 2).
5. Chers amis bouddhistes, alors que nous, catholiques, nous réfléchissons sur le sens de la pauvreté, nous sommes aussi attentifs à votre expérience spirituelle. Nous souhaitons vous remercier de votre témoignage inspirant sur le non-attachement et sur le contentement. Moines, moniales ainsi que nombre de laïcs dévoués parmi vous embrassent une pauvreté « choisie » qui nourrit spirituellement le coeur humain, enrichissant considérablement une approche plus profonde de la signification de l'existence et soutenant l'engagement de bonne volonté de toute la communauté humaine. Permettez-moi de vous renouveler nos vives salutations et de vous souhaiter à tous une bonne fête du Vesakh/Hanamatsuri.
Jean-Louis Cardinal Tauran
Président
Archevêque Pier Luigi Celata
Secrétaire
Sources : www.vatican.va
Publié le 07/07/2008 à 12:00 par auto23652
Le proximité du pape Benoît XVI avec les orthodoxes
Rome, le 04 juillet 2008 - (E.S.M.) -
Nous le savons le pape Benoît XVI a fait du rapprochement avec les orthodoxes une priorité de son pontificat. Nous avons pu constater lors des célébrations d'inauguration de l'année Paulinienne, la proximité du Saint-Père avec les orthodoxes et en particulier avec le Patriarche Bartholomée Ier.
Le patriarche de Moscou Alexis II avec le cardinal Walter Kasper -
Le proximité du pape Benoît XVI avec les orthodoxes
Dans l'interview qui suit, il s'agit plus particulièrement du rapport entre l’Église de Rome et l’Église orthodoxe russe
«La patience est la petite fille de l’espérance»
Interview du cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens: « Pour nous chrétiens, l’espérance est le grand don pascal; c’est pour cela que pour les chrétiens, l’espérance n’est pas quelque chose d’utopique, mais la conséquence de la réalité de la Résurrection. Dans la Bible, l’espérance est toujours liée à la patience. La patience est la petite fille de l’espérance »
Interview du cardinal Walter Kasper par Giovanni Cubeddu
Éminence, où en sommes-nous, sur la route qui unit Moscou et Rome ?
WALTER KASPER: On ne peut parler du rapport actuel entre le Patriarcat de Moscou et l’Église catholique sans rappeler notre longue histoire commune, parce qu’au fond, même si on ne peut pas parler de pleine communion, nous sommes une unique Église. Nous partageons les mêmes sacrements, le même épiscopat et nous reconnaissons aussi tous les sacrements des orthodoxes. À Mogilev, en Russie, il y avait déjà un archevêché avant la révolution; et on ne peut oublier que l’impératrice Catherine a reçu les jésuites mis à l’écart par l’Église catholique. La révolution de 1917 a été une grande tragédie pour l’Église, qu’elle soit orthodoxe ou catholique, mais elle nous a fait le don du courageux témoignage de nombreux martyrs. On avait espéré qu’après la chute du communisme, une nouvelle histoire aurait commencé, mais de nouveaux malentendus ont malheureusement surgi lorsque l’Église gréco-catholique en Ukraine, qui avait tant souffert, est sortie des catacombes. Le document de la Commission pontificale “Pro Russia” de 1992 a cependant éclairci que l’Église catholique ne veut pas faire de prosélytisme en Russie mais simplement continuer à exercer son assistance pastorale aux fidèles locaux en collaborant pleinement avec le Patriarcat de Moscou. Ceci en vertu du document de Balamand, émis en 1993, qui juge sans ambiguïté l’uniatisme dépassé en tant que méthode, inutile aujourd’hui et demain pour le rapprochement des Églises. Chose très importante.
Jusqu’ici, nous avons dépassé au niveau des principes une grande partie des problèmes qui se sont présentés; nous avons institué par ailleurs à Moscou une commission mixte pour discuter des différents obstacles concrets qui se présentent au fur et à mesure, et nous avons obtenu de bons résultats. Nous avons ainsi réussi a rétablir entre-temps un dialogue avec les Églises orthodoxes dans leur ensemble et nous sommes très heureux que l’Église orthodoxe russe y participe, parce qu’elle est un partenaire important à nos yeux. Il existe actuellement des problèmes intra orthodoxes entre Constantinople et Moscou en ce qui concerne la reconnaissance de l’Église en Estonie; mais ce sont des questions dans lesquelles nous préférons ne pas intervenir, tout en insistant pour que soient trouvés des compromis qui permettent de poursuivre ce dialogue si important pour l’avenir de l’Église orthodoxe et pour la nôtre. Dans ce monde globalisé, il n’est plus tolérable de devoir assister à des polémiques entre les Églises. C’est pour cela qu’il est nécessaire d’entreprendre – et nous avons commencé à le faire – un chemin de rapprochement là où le schisme entre Orient et Occident avait déclenché un long processus d’éloignement. Il est fondamental qu’il y ait un dialogue théologique entre les deux Églises et j’ai l’impression que nous sommes sur la bonne voie. Je ne m’attends pas à ce que l’on arrive demain ou après-demain à la pleine unité entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes. Ce ne sera pas un processus rapide, parce qu’il ne suffit pas d’un échange au sommet: il est fondamental que le peuple soit impliqué, lui aussi, or ceci demande du temps.
Dans une interview du patriarche Alexis II par Giovanni Cubeddu et Fabio Polito, Sa Sainteté le patriarche Alexis II a aussi mentionné un dialogue "par le bas" qui fait bien augurer et qui doit être développé. L'interview s'intitule : quelques pensées d'Alexis II sur Benoît XVI (lire ici)
KASPER: Bien sûr! Il s’agit de la collaboration pratique dans le domaine des valeurs éthiques, de la justice sociale, des droits de l’homme, de la confrontation avec les laïcs et avec le processus de sécularisation qui investit l’Europe. Sur ces questions, les deux Églises ont des conceptions presque identiques, elles peuvent et elles veulent donc collaborer. Les premiers pas ont été faits, l’on pourra se rapprocher encore et se connaître mieux afin de surmonter quelques-uns des obstacles majeurs qui existent des deux côtés: les préjugés, qui ne peuvent être dépassés que par des rencontres personnelles. C’est pour cela que le Patriarcat de Moscou a commencé - et c’est à son honneur - à nouer des rapports avec les Églises catholiques locales de Milan, de Paris, de Vienne et d’autres encore. Tout ceci aide à se connaître mieux et à mieux s’apprécier. Le 18 mai 2006, le pape Benoît XVI a reçu le Métropolite Kirill de Smolensk et Kaliningrad, Président du Département des relations extérieures du Patriarcat orthodoxe de Moscou et de toutes les Russies. (lire ici)
Un autre élément de cette stratégie est notre Comité pour la collaboration avec les Églises orthodoxes, à travers lequel nous distribuons des bourses d’études à de jeunes prêtres – ces derniers nous sont signalés par le patriarche ou par l’évêque local – pour leur permettre de faire des études à Rome ou dans d’autres universités catholiques pendant quelques années, ce qui leur permet de connaître notre Église. Là, les jeunes apprennent une langue occidentale et, une fois retournés dans leur pays, ils arrivent en général à occuper une position importante, dans la mesure où ils ont bénéficié d’une meilleure formation. Cet échange d’étudiants doit certainement être poursuivi. Ensuite, nous nous occupons de la traduction de nombreux textes théologiques en cyrillique, et cela aide aussi à mieux se comprendre.
Je voudrais aussi rappeler les belles amitiés qui s’étaient déjà développées par le passé! Par exemple, entre le patriarche de Moscou et le cardinal Etchegaray, une amitié qui est née bien avant la chute de l’Union soviétique. (En août de l'année dernière, le Card. Etchegaray avait remis au Patriarche un message cordial du pape Benoît XVI, accompagné d'un présent personnel (ici). Ajoutons que les relations entre la KEK [Conférence des Églises européennes, ndr] et le CCEE [Conseil des Conférences épiscopales d’Europe, ndr] ne cessent de se consolider, et qu’aujourd’hui, nous sommes aussi en bons rapports avec le Département pour les Relations extérieures du Patriarcat russe, dirigé par le métropolite Kirill. Il s’agit là de petits ruisseaux qui pourront un jour, nous l’espérons, déboucher dans la grande rivière du rétablissement d’une pleine communion entre les Églises.
Et vous, comment imaginez-vous ce moment ?
KASPER: Une pleine union ne signifie pas une unité uniformisante. La tradition orthodoxe et la tradition latine ont au fond la même foi, mais avec des expressions différentes, et cette diversité est aussi une richesse. C’est pour cela que personne ne pense imposer le système latin aux Églises orthodoxes ou vice versa. L’Esprit de Dieu nous fera don de cette unité quand il le voudra, mais ce sera une unité dans la diversité, une diversité dans l’unité. C’est lorsqu’on en sera là que se posera la question de la primauté de l’évêque de Rome, un problème qui ne peut être dépassé du jour au lendemain. Il faudra de longues discussions, déjà entamées au cours de nos rencontres à Belgrade et à Ravenne, et nous verrons comment cela se terminera…
Je ne suis pas un optimiste superficiel. C’est l’espérance qui me soutient, parce que l’unité est pour nous un commandement de Notre Seigneur, qui a promis que chaque prière en Son nom sera exaucée. C’est pour cela que nous espérons dans l’aide de Dieu, dans l’aide de l’Esprit Saint.
En ce qui concerne le dialogue avec l’orthodoxie, quels sont les résultats les plus manifestes du chemin parcouru ?
KASPER: À mon avis, si l’on observe les deux Églises, on constate des deux côtés un renouvellement patristique au cours du siècle dernier. Nous connaissons mieux les Pères latins, tandis que les orthodoxes insistent plus sur les Pères grecs, où leur tradition, dont la richesse n’a rien à envier à la nôtre, trouve sa source. C’est pour cela que nous aurions beaucoup à apprendre de la patrologie grecque, comme eux de notre patrologie latine. La patrologie orientale est très sensible au Mystère de Dieu, tandis que la sensibilité occidentale est plus conceptuelle. De même, leur richesse liturgique représente un grand patrimoine, et c’est toujours pour moi une expérience touchante que de participer aux liturgies orthodoxes, en Russie ou ailleurs.
Voilà: nous pouvons apprendre les uns des autres. Par exemple, la conception orientale, si enracinée, de la koinonìa, de la communio comme structure de l’Église – en Russie Sobornost – pourrait nous être utile, à nous aussi. Certes, nous aussi, nous connaissons le concept de communio, mais nous nous sommes parfois limités, autrefois, à en souligner unilatéralement l’aspect de la primauté, qui est fondamental pour nous. D’autre part, primauté et koinonìa, primauté et collégialité, ne sont pas contradictoires mais complémentaires dans une sorte de dialectique interne. L’Église n’est pas un système fermé sur lui-même, mais ouvert, c’est pour cela qu’est importante la présence en son sein de ces deux “pôles”. Je pense que nous avons déjà beaucoup appris de leur conception de koinonìa, mais il y a encore beaucoup à apprendre. Un autre aspect, lié à ce que je viens de dire, est l’idée, très belle et très vivante, de l’ecclésiologie eucharistique. On trouve déjà, dans les débats préparatoires du Concile Vatican II, le nom d’Afanasiev, qu’on estime être le père de cette ecclésiologie. Son influence s’est donc beaucoup fait sentir au cours du Concile, et cette théologie, qui s’est renforcée surtout après le Concile, est désormais un point de référence et de rencontre entre notre Église et l’Église orthodoxe russe. L’ecclésiologie eucharistique affirme que là où est célébrée l’Eucharistie, là se trouve l’Église. Non pas une partie de l’Église, mais l’Église de Jésus Christ. Ceci est un point très important, qu’il faut approfondir des deux côtés.
Le canon 34 des Canons apostoliques reste central dans le débat fraternel avec l’Orthodoxie.
KASPER: Le canon 34 est très important parce qu’il affirme qu’un protos, un primat, doit toujours agir et décider en communion avec les autres évêques, et vice versa. Je crois que le fait d’appliquer ce canon, y compris au niveau universel, est l’une des voies possibles pour arriver à une solution de la question de la primauté de l’évêque de Rome. En effet, il est clair pour toutes les Églises orthodoxes que l’évêque de Rome est le premier des évêques, mais il faut se mettre d’accord sur ce que veut dire concrètement être le premier au niveau universel. Nous ne sommes qu’au début de cette discussion. Nous avons posé certaines bases au cours de la dernière rencontre de Ravenne, en octobre 2007, mais la question est encore ouverte. Comme je l’ai dit, personne ne pense imposer le système latin aux Églises orthodoxes, mais espérons qu’un jour peut-être, dans le sillage de ce canon et avec l’aide de l’Esprit Saint, on pourra trouver une solution qui respecte les éléments essentiels des deux Églises.
Vous avez parlé, une fois, de «réalisme de l’espérance».
KASPER: Pour nous chrétiens, l’espérance est un grand don pascal; c’est pour cela que l’espérance n’est pas pour les chrétiens quelque chose d’utopique, mais la conséquence de la réalité de la Résurrection. L’espérance, dans la Bible, est toujours liée à la patience. La patience est la petite fille de l’espérance. Mais il faut du temps, les choses doivent mûrir. Nous devons accomplir avec courage les pas qu’il est possible de faire dès aujourd’hui, tout en continuant à respecter ceux qui, surtout dans l’Église orthodoxe russe, n’ont pas abandonné leurs soupçons envers l’“œcuménisme”, une expression qui est considérée comme négative. Il nous suffit d’avancer avec prudence et en même temps avec courage, parce que la situation mondiale est telle que le désir d’une voix commune de l’Église se fait insistant, comme celui de permettre à tous les chrétiens de participer au même calice.
Comment poursuivre le dialogue théologique ?
KASPER: Il faut partir d’une idée correcte de dialogue, qui ne suppose ni indifférence et relativisme, ni imposition de ses propres idées, mais au contraire, respect mutuel pour l’altérité de l’autre. Sur ces bases, le dialogue n’est pas seulement un échange d’idées, mais de dons; une occasion pour s’enrichir mutuellement et pour grandir dans sa propre foi. Les dogmes, qui sont contraignants pour nos Églises, laissent de l’espace à cette conception du dialogue parce qu’au fond, ils représentent une doxologie vers Dieu. D’abord, pour les Églises orthodoxes, le dogme n’est pas seulement une conceptualisation de l’Évangile. L’Évangile est aussi un mystère qui ne peut pas totalement être conceptualisé. Saint Thomas d’Aquin définit le dogme comme une perceptio de la vérité divine qui montre Dieu au-delà d’elle-même, et qui est tournée vers Dieu. Le dogme reconnaît que Dieu est toujours plus grand que nos concepts, et c’est pour cela que nous chantons le Credo pendant la messe. On ne peut chanter un système conceptuel. En revanche, nous chantons le Credo. Ceci signifie qu’il ne s’agit pas d’un système conceptuel, mais d’une prière, d’une louange adressée à Dieu. Une louange qui s’ouvre au Mystère.
Sources : www.vatican.va - E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 04.07.08 - T/Œcuménisme
Publié le 04/07/2008 à 12:00 par auto23652
Le rêve œcuménique de Benoît XVI
Rome, le 02 juillet 2008 - (E.S.M.) -
Benoît XVI et Bartholomée Ier, le patriarche de Constantinople, prient devant la tombe de l’apôtre Paul, sous le maître-autel de la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-Murs. C’est la veille de la solennité de saint Pierre et saint Paul. Benoît XVI et Bartholomée Ier ont également inauguré ensemble une année jubilaire spécialement consacrée à l’apôtre Paul.
Le pape Benoît XVI et le patriarche de Constantinople Bartholomé 1er -
Année Paulinienne: Le rêve œcuménique de Benoît XVI
Avec le patriarche de Constantinople, le successeur de Pierre a lancé une année jubilaire spéciale consacrée à l'autre grand apôtre, Paul. Son objectif déclaré: "créer l'unité de la 'catholica', l'Église formée de juifs et de païens, l'Église de tous les peuples"
Benoît XVI et Bartholomée Ier, le patriarche de Constantinople, prient devant la tombe de l’apôtre Paul, sous le maître-autel de la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-Murs. C’est la veille de la solennité de saint Pierre et saint Paul. Benoît XVI et Bartholomée Ier ont également inauguré ensemble une année jubilaire spécialement consacrée à l’apôtre Paul.
L’Année Paulinienne a débuté le 28 juin et elle s’achèvera le 29 juin 2009. Elle a lieu à l’occasion du bimillénaire de la naissance de l’apôtre, que les historiens situent entre 7 et 10 après J.-C.
Benoît XVI a annoncé cette année jubilaire spéciale pour la première fois il y a un an, le 28 juin 2007. Voici comment il a expliqué l’évènement aux fidèles réunis place Saint-Pierre, avant l’Angélus de la fête de saint Pierre et saint Paul de cette année :
"Ce jubilé spécial aura Rome pour centre de gravité, en particulier la basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs et le quartier des Trois Fontaines, lieu du martyre. Mais il impliquera l’Église toute entière, à partir de Tarse, la ville où Paul est né, et les autres lieux pauliniens qui constituent des buts de pèlerinage, en Turquie mais aussi en Terre Sainte et à l’île de Malte où l’Apôtre a débarqué suite à un naufrage et où il a semé la graine féconde de l’Évangile".
"En réalité, l’optique de l’Année Paulinienne ne peut être qu’universelle, car saint Paul a été par excellence l’apôtre de ceux qui étaient le plus ‘éloignés’ par rapport aux juifs et qui ‘grâce au sang du Christ’ sont devenus ‘les proches’ (cf. Eph 2,13). C’est pourquoi aujourd’hui encore, dans un monde devenu plus ‘petit’, mais où beaucoup de gens n’ont pas encore rencontré le Seigneur Jésus, le jubilé de saint Paul invite tous les chrétiens à être des missionnaires de l’Évangile".
"A cette dimension missionnaire, il faut toujours associer celle de l’unité, représentée par saint Pierre, le ‘rocher’ sur lequel Jésus-Christ a bâti son Église. Comme le souligne la liturgie, les charismes des deux grands apôtres sont complémentaires pour la constitution de l’unique Peuple de Dieu, et les chrétiens ne peuvent pas réellement témoigner du Christ s’ils ne sont pas unis".
* * *
Universel et œcuménique. Pour une Église qui est "catholica" et "una". Voilà la double optique que l’évêque de Rome et le patriarche de Constantinople ont voulu donner à l’Année Paulinienne, lancée conjointement par l’Église de Rome et l’Église d’Orient. Au cours de la messe célébrée le jour de saint Pierre et saint Paul, les deux successeurs des apôtres sont entrés ensemble dans la basilique Saint-Pierre. Ensemble, ils sont montés à l’autel, précédés par un diacre latin et un diacre orthodoxe qui portaient l’Évangile. Ensemble, ils ont écouté l’Évangile chanté en latin et en grec. Ensemble, ils ont prononcé l’homélie - le patriarche le premier, puis le pape. Ensemble ils ont récité le Credo, le Symbole de Nicée-Constantinople dans la version d’origine en grec, comme le veut la liturgie des Églises byzantines. Ils se sont donné le baiser de paix et à la fin ils ont béni ensemble les fidèles. Jamais jusqu’alors – après près de mille ans de schisme entre Orient et Occident – une liturgie placée aussi visiblement sous le signe de l’unité n’avait été célébrée par l’évêque de Rome et le patriarche de Constantinople.
Pour le moment, les rapports avec les communautés protestantes restent davantage dans l’ombre. Mais l’Année Paulinienne peut être aussi riche de sens dans le dialogue avec les protestants. Les grands penseurs de la Réforme – de Luther et Calvin à Karl Barth, Rudolph Bultmann et Paul Tillich – ont élaboré leur pensée principalement à partir de la Lettre de saint Paul aux Romains.
La contribution que l’Année Paulinienne pourra apporter au dialogue avec les juifs n’est pas moins significative. Paul était juif, c’était un rabbin de stricte observance. Puis il est tombé, ébloui par le Christ, sur la route de Damas. Pour lui, sa conversion au Ressuscité n’a jamais constitué une rupture avec sa foi d’origine et la promesse de Dieu à Abraham ainsi que l’Alliance du Sinaï n’ont toujours fait qu’un avec l’alliance "nouvelle et éternelle" scellée par le sang de Jésus. Dans son livre "Jésus de Nazareth", Joseph Ratzinger a écrit des pages remarquables sur cette unité entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
On trouvera ci-dessous l’homélie prononcée par Benoît XVI le 28 juin 2008 à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, la veille de la fête de saint Pierre et saint Paul, pendant les vêpres. Le pape y répond aux questions suivantes: qui était Paul ? Que me dit-il aujourd’hui ?
Synthèse de la double homélie du pape et du patriarche de Constantinople (et ici), prononcée lors de la messe de la fête de saint Pierre et saint Paul.
par Sandro Magister
"Qui était Paul ? Et que me dit-il aujourd’hui ?"
par Benoît XVI (extraits)
Chers frères et sœurs, nous voici réunis près de la tombe de saint Paul, né il y a deux mille ans à Tarse, en Cilicie, dans ce qui est aujourd’hui la Turquie.
Qui était ce Paul ? Au temple de Jérusalem, face à la foule agitée qui veut le tuer, il se présente en ces mots: "Je suis Juif. Né à Tarse en Cilicie, j’ai cependant été élevé ici dans cette ville [de Jérusalem]" et c’est aux pieds de Gamaliel que j’ai été formé à l’exacte observance de la loi de nos pères et j’étais rempli du zèle de Dieu..." (Ac 22,3).
A la fin de son cheminement, il dira de lui-même: "J’ai été établi... docteur des païens, dans la foi et la vérité" (1 Tm 2,7; cf. 2 Tm 1,11). Docteur des païens, apôtre et héraut de Jésus-Christ, c’est ainsi qu’il se définit en revoyant le cours de sa vie passée.
Pour autant, son regard ne se tourne pas que vers le passé. Docteur des païens: cette expression s’ouvre vers l’avenir, vers tous les peuples et toutes les générations. Pour nous, Paul n’est pas une figure du passé, que nous célébrons avec vénération. C’est aussi notre maître, l’apôtre et le héraut de Jésus-Christ.
Nous ne sommes donc pas réunis pour méditer une histoire passée, définitivement dépassée. C’est aujourd’hui que Paul veut nous parler. Voilà pourquoi j’ai voulu lancer cette Année Paulinienne. Pour que nous l’écoutions et qu’il nous enseigne, aujourd’hui, en tant que maître, la "foi et la vérité", où s’enracinent les raisons de l’unité des disciples du Christ.
Dans cette perspective, à l’occasion des deux mille ans de la naissance de l’Apôtre, j’ai voulu allumer une Flamme Paulinienne spéciale, qui restera allumée pendant une année entière dans un brasier spécial placé sous le portique à quatre arcades de la basilique [de Saint-Paul-hors-les-Murs].
Pour donner de la solennité à cet anniversaire, j’ai également inauguré la Porte Paulinienne par laquelle je suis entré dans la basilique, accompagné par le patriarche de Constantinople [...] et par d’autres autorités religieuses. Je me réjouis profondément du caractère particulièrement œcuménique du lancement de l’Année Paulienne, dû à la présence de nombreux délégués et représentants d’autres Églises et communautés ecclésiales, que j’accueille à cœur ouvert. [...]
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Nous sommes donc réunis ici pour méditer sur le grand Apôtre des peuples. Pour savoir qui il était, mais surtout qui il est et ce qu’il nous dit.
Aujourd’hui, alors que nous inaugurons l’Année Paulinienne, je voudrais choisir dans le riche témoignage du Nouveau Testament trois textes, qui révèlent sa physionomie intérieure et la spécificité de son caractère.
Dans la Lettre aux Galates, il nous a livré une profession de foi très personnelle, où il ouvre son cœur aux lecteurs de tous les temps et révèle le moteur le plus intime de sa vie. "Je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré pour moi" (Gal 2,20).
Toute l’action de Paul part de là. Sa foi est l’expérience d’être aimé de Jésus-Christ de manière tout à fait personnelle. C’est la conscience du fait que le Christ a affronté la mort non pas pour quelque chose d’anonyme mais par amour pour lui, Paul, et que, en tant que Ressuscité, Il l’aime toujours et s’est donc donné pour lui. La foi de Paul, c’est d’être frappé par l’amour de Jésus-Christ, un amour qui le bouleverse jusqu’au fond de lui-même et le transforme. Sa foi n’est pas une théorie, une opinion sur Dieu et sur le monde. C’est l’impact de l’amour de Dieu sur son cœur. Ainsi, cette même foi est l’amour pour Jésus-Christ.
Paul est souvent présenté comme un homme combatif qui manie les mots comme des épées. De fait, il a bataillé ferme pendant sa vie d’apôtre. Il n’a pas cherché une harmonie superficielle. Dans sa première lettre, adressée aux Thessaloniciens, il dit lui-même: "Nous avons prêché en toute confiance devant vous l’Évangile de Dieu, au milieu d’une lutte pénible... Jamais non plus, vous le savez, nous n’avons eu un mot de flatterie" (1 Th 2, 2.5).
Il avait une trop haute opinion de la vérité pour accepter de la sacrifier en vue d’une victoire superficielle. Paul estimait que la vérité qu’il avait connue en rencontrant le Ressuscité valait bien le combat, la persécution et la souffrance. Ce qui le motivait le plus profondément, néanmoins, c’était l’amour de Jésus-Christ et le désir de transmettre cet amour à d’autres personnes. Paul a été marqué par un grand amour, qui explique à lui seul toute son action et sa souffrance. Les concepts fondateurs de son annonce ne peuvent être compris que dans cette optique.
Concentrons-nous sur un de ses mots-clés: la liberté. Ayant éprouvé que le Christ l’aimait totalement, il avait ouvert les yeux sur la vérité et sur le chemin de l’existence humaine; cette expérience englobait tout. Paul était libre en tant qu’homme aimé de Dieu, capable, en vertu de Dieu, d’aimer avec Lui. Cet amour est désormais la "loi" de sa vie et, justement pour cette raison, c’est la liberté de sa vie. C’est la responsabilité de l’amour qui le fait parler et agir. Liberté et responsabilité sont ici indissociables. Paul est libre précisément parce qu’il est dans la responsabilité de l’amour; il vit totalement dans la responsabilité de cet amour et ne prend pas la liberté comme prétexte à l’abus et à l’égoïsme précisément parce qu’il aime. C’est dans le même esprit qu’Augustin a formulé la phrase devenue célèbre par la suite: "Dilige et quod vis fac" (Tract. in 1 Jo 7 ,7-8), aime et fais ce que tu veux. Celui qui aime le Christ comme Paul l’a aimé peut vraiment faire ce qu’il veut, car son amour est uni à la volonté du Christ et donc à la volonté de Dieu; parce que sa volonté est enracinée dans la vérité et parce que sa volonté n’est plus simplement sa volonté propre, arbitre du je autonome, mais qu’elle est intégrée à la liberté de Dieu, qui lui montre le chemin à suivre.
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Dans cette recherche de la physionomie intérieure de saint Paul, je voudrais rappeler maintenant ce que le Christ ressuscité lui a dit sur la route de Damas. Le Seigneur lui demande d’abord: "Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?" Paul demandant: "Qui es-tu, ô Seigneur ?", le Christ répond "Je suis Jésus que tu persécutes" (Ac 9, 4s). En persécutant l’Église, Paul persécute Jésus lui-même. "Tu me persécutes". Jésus s’identifie à l’Église comme un sujet unique.
Dans cette exclamation du Ressuscité, qui a transformé la vie de Saul, se concentre finalement toute la doctrine sur l’Église comme Corps du Christ. Le Christ ne s’est pas retiré dans le ciel, en laissant sur terre une foule de disciples qui font progresser "sa cause". L’Église n’est pas une association qui cherche à promouvoir une certaine cause. Ce n’est pas d’une cause qu’il s’agit, mais de la personne de Jésus-Christ qui même ressuscité est resté "chair".. Il est fait "de chair et d’os" (Lc 24, 39), comme le Ressuscité l’affirme aux disciples qui l’avaient pris pour un fantôme. Il a un corps. Il est présent en personne dans son Église, "Chef et Corps" forment un unique sujet, dira Augustin. "Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ?", écrit Paul aux Corinthiens (1 Cor 6,15). Et d’ajouter: comme, selon le livre de la Genèse, l’homme et la femme deviennent une seule chair, de même le Christ devient un seul esprit avec les siens, c’est-à-dire un unique sujet dans le monde nouveau de la résurrection (cf. 1 Cor 6,16 ss).
Dans tout cela transparaît le mystère eucharistique, où le Christ donne continuellement son Corps et fait de nous son Corps: "Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu’il n’y a qu’un pain, à nous tous, nous ne formons qu’un corps, bien que nous soyons nombreux, car tous nous avons part à ce pain unique" (1 Cor 10,16s). Nous recevons ces mots aujourd’hui, non seulement de Paul mais du Seigneur lui-même: Comment avez-vous pu lacérer mon Corps ? Devant le visage du Seigneur, ces mots deviennent en même temps une demande urgente: Fais-nous sortir de toutes ces divisions. Fais qu’aujourd’hui devienne à nouveau réalité. Il n’y a qu’un seul pain, nous ne formons donc qu’un seul corps, même si nous sommes nombreux. Pour Paul, le passage sur l’Église comme Corps du Christ n’est pas une comparaison quelconque. Cela va bien au-delà. "Pourquoi me persécutes-tu ?" Le Christ nous attire continuellement dans son Corps, il construit son Corps à partir du centre eucharistique, qui est pour Paul le centre de l’existence chrétienne, en vertu duquel tous, comme aussi chacun de nous, peuvent l’expérimenter de manière tout à fait personnelle: Il m’a aimé et il s’est donné pour moi.
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Je voudrais conclure par l’une des dernières phrases de saint Paul. Il est en prison, il va mourir et il exhorte Timothée. "Souffre avec moi pour l’Évangile", dit l’apôtre à son disciple (2 Tm 1,8).
Cette phrase, qui est comme un testament à la fin du parcours de l’apôtre, nous renvoie au début de sa mission. Alors que, après sa rencontre avec le Ressuscité, Paul se trouvait, aveugle, chez lui à Damas, Ananie fut chargé d’aller trouver le persécuteur redouté et de lui imposer les mains pour lui rendre la vue. Ayant objecté que ce Saul était un dangereux persécuteur des chrétiens, Ananie reçut cette réponse: Cet homme doit porter mon nom devant les peuples et les rois; "moi-même je lui montrerai tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon nom" (Ac 9,15 s). La charge d’annoncer le Christ et l’appel à souffrir pour lui sont indissociablement liés. L’appel à instruire les peuples est à la fois et intrinsèquement un appel à souffrir en communion avec le Christ qui nous a rachetés par sa Passion.
Dans un monde où le mensonge est puissant, la vérité se paie par la souffrance. Celui qui veut éviter la souffrance, l’éloigner de soi, éloigne la vie elle-même et sa grandeur; il ne peut pas être un serviteur de la vérité et donc un serviteur de la foi. Il n’y a pas d’amour sans souffrance, sans la souffrance de renoncer à soi-même, de transformer et purifier le moi pour obtenir la vraie liberté. Là où il n’y a rien qui mérite que l’on souffre, la vie elle-même perd sa valeur. L’Eucharistie – centre de notre christianisme – est fondée sur le sacrifice de Jésus pour nous, elle est née de la souffrance de l’amour, qui a trouvé son sommet dans la Croix. Nous vivons de cet amour qui se donne. Il nous donne le courage et la force de souffrir avec le Christ et pour Lui dans ce monde, en sachant que c’est bien ainsi que notre vie devient grande, mûre et vraie.
A la lumière de toutes les lettres de saint Paul, nous voyons comment s’est accomplie, au cours de son cheminement de docteur des païens, la prophétie faite à Ananie au moment de l’appel: "Je lui montrerai tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon nom". Sa souffrance le rend crédible en tant que maître de vérité, qui ne cherche pas son intérêt, sa gloire, sa satisfaction personnelle, mais s’engage pour Celui qui nous a aimés et s’est donné pour nous tous.
Maintenant remercions le Seigneur qui a appelé Paul et en a fait une lumière pour les païens, un maître pour nous tous, et prions-le: Aujourd’hui aussi, donne-nous des témoins de ta résurrection, touchés par ton amour et capables de porter à notre temps la lumière de l’Évangile. Saint Paul, priez pour nous! Amen.
► Texte intégral de l'homélie du Saint-Père
► Table : Année Paulinienne, 28 juin 2008 - 29 juin 2009
Sources : chiesa.it
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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 02.07.2008 - T/Année Paulinienne
Publié le 21/04/2008 à 12:00 par auto23652
Cité du Vatican, le 20 avril 2008 - (E.S.M.) -
Alors que les prières œcuméniques ponctuelles sont souvent l’objet de déclarations d’intention banales, le discours du pape Benoît XVI prononcé à l’église Saint-Joseph de New York vendredi soir, devant 250 représentants d’organisations œcuméniques et d’une douzaine de confessions chrétiennes, n’était pas de ce type.
Le pape Benoît XVI entrant dans l’église Saint-Joseph-
Mise au point du pape Benoît XVI sur le véritable œcuménisme
Synthèse
Alors que les prières œcuméniques ponctuelles sont souvent l’objet de déclarations d’intention banales, le discours du pape Benoît XVI (extraits en français ici et là) prononcé à l’église Saint-Joseph de New York vendredi soir, devant 250 représentants d’organisations œcuméniques et d’une douzaine de confessions chrétiennes, n’était pas de ce type. Après une note intéressante sur l’isolement et l’individualisme que provoque paradoxalement la communication virtuelle, et qui amènent le désir d’une communauté authentique, Benoît XVI a souligné deux dangers : s’écarter de la Tradition de l’Église et de l’enseignement normatif des apôtres; nier la possibilité d’atteindre la vérité transcendante. Des groupes mènent de soi-disant « actions prophétiques » [e.g. pseudo-mariages des paires de même sexe, ou à la pseudo-ordination de prêtresses] qui vont jusqu’à changer des croyances et pratiques chrétiennes fondamentales, se basant « sur une herméneutique pas toujours en accord avec le donné de l’Écriture et de la Tradition.
Par suite les communautés renoncent à tenter d’agir comme un corps unifié, choisissant à la place de fonctionner selon l’idée des « options locales » [allusion aux ordinations de prêtres et évêques homosexuels et aux bénédictions de paires homosexuelles, en certains lieux de l’anglicanisme - et à l’ecclésiologie qui tente de les justifier]. » On oublie ainsi « le besoin d’une communion (koinônia) diachronique (avec l’Église de chaque époque) », sans laquelle le témoignage n’est pas convainquant. Les premiers chrétiens savaient que l’unité de l’Église vient de l’unité parfaite du Dieu trinitaire et la reflète; et que leur cohésion « était fondée sur la solide intégrité de leur confession doctrinale ». La proclamation de l’Évangile a dû dès l’origine « être garantie par la pureté de la doctrine normative exprimée dans les formules de foi [les Credo] qui articulèrent l’essence de la foi chrétienne et constituèrent la fondation de l’unité des baptisés ».Il faut quitter la peur d’exacerber les divisions, présente parfois au sein du mouvement œcuménique, qui empêche d’affirmer le rôle de la doctrine. « En effet, un clair et convainquant témoignage du salut qui nous vint de Jésus-Christ doit être fondé sur la notion d’enseignement apostolique normatif : enseignement qui en effet nous donna la Parole inspirée de Dieu et soutient la vie sacramentelle des Chrétiens aujourd’hui. » [Le Saint-Père redonne à l’œcuménisme comme base l’enseignement des Apôtres, sur lequel se fondent notamment les sacrements niés par beaucoup.]
Ce n’est pas au moment où le monde attend des Chrétiens un « enseignement solide » qu’il faut succomber au relativisme de l’« idéologie séculariste qui rejette ou dénigre la vérité transcendante », niant la possibilité d’une révélation divine « en prétendant que la science seule est objective, reléguant la religion entièrement dans la sphère subjective du sentiment individuel. » Or « le « connaissable » n’est pas limité à l’empiriquement vérifiable, et la religion n’est pas davantage réduite au domaine changeant de l’« expérience personnelle ». » Les chrétiens doivent insister sur la vérité objective - il ne suffit pas de suivre sa conscience individuelle et de choisir une communauté la plus adaptée à ses goûts individuels - ce qui amène à la prolifération actuelle de communautés sans structure institutionnelle ni doctrinale.
Publié par Neo dans Amérique du Nord, Notre Eglise
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Sources : e-deo.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 20.04.2008 - T/USA
Publié le 07/03/2008 à 12:00 par auto23652
Benoît XVI et Bartholomée Ier: "créer de nouvelles ouvertures et construire des ponts"
Cité du Vatican, le 07 mars 2008 - (E.S.M.) -
Le Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, s'est exprimé lors de la "Lectio Magistralis" qui s'est tenue jeudi après-midi à l'Institut pontifical oriental, après avoir été reçu en privé dans la matinée par le pape Benoît XVI.
Le pape Benoît XVI et le Patriarche œcuménique, Bartolomée Ier
Benoît XVI et Bartholomée Ier: "créer de nouvelles ouvertures et construire des ponts"
La Congrégation pour les Eglises orientales nous informe que le Patriarche œcuménique, Sa Sainteté Bartholomée Ier, a accueilli l’invitation de l’Institut pontifical oriental à l’occasion du 90e anniversaire de sa fondation, et qu’il accomplit une brève visite à Rome, du 5 au 7 mars.
"Nous ne devons jamais nous contenter de notre tour d'ivoire, de nos institutions académiques ou ecclésiastiques (…) Nous sommes appelés à une vision plus ample du monde, nous pouvons même ajouter œcuménique, afin de pressentir le mystère profond dans les personnes et dans toute chose", a dit le Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, lors de la "Lectio Magistralis" qui s'est tenue jeudi après-midi à l'Institut pontifical oriental, après avoir été reçu en privé dans la matinée par Benoît XVI.
Cette rencontre – la troisième, après la visite de Benoît XVI à Istanbul à l'occasion de la fête de Saint André, le 30 novembre 2006, et la rencontre à Naples du 21 octobre dernier – a été définie "de grande ampleur œcuménique" par Radio Vatican et a duré près d'une demi-heure : le Pape et le Patriarche se sont tout d'abord entretenus avant de prier ensemble dans la Chapelle Urbain VIII. "Nous devons être préparés à créer de nouvelles ouvertures et à construire des ponts, tout en approfondissant notre rapport avec Dieu, avec d'autres personnes et avec la Création elle-même", a ajouté Bartholomée Ier lors de son intervention successive sur le thème "Théologie, Liturgie et Silence. Perspectives fondamentales des Pères Orientaux aujourd'hui", près l'Institut pontifical oriental, où il a été invité pour le 90ème anniversaire de la fondation.
À cette occasion, la chaire de théologie orientale a été conférée au Patriarche œcuménique. Radio Vatican a rappelé qu'à l'issue de la visite qu'il a rendue en 2006 au Patriarche, Benoît XVI et Bartholomée Ier ont signé une déclaration conjointe : "Un document historique, dans la lignée de l'accolade de paix entre Paul VI et Athënagoras, pour exprimer leur joie de se sentir frères et renouveler leur engagement en prévision de la pleine communion". Le Pape avait alors réaffirmé que l'Église catholique était prête à "faire tout son possible pour surmonter les obstacles et rechercher des moyens plus efficaces de collaboration pastorale" avec ses frères orthodoxes, afin de rétablir la pleine communion entre l'Église de Rome et celle de Constantinople. Bartholomée Ier sera de retour à Rome le 29 juin prochain pour la fête des Saints Pierre et Paul.
► Benoît XVI reçoit Bartholomée, Patriarche œcuménique de Constantinople - 06.03.08
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Sources : Agence Misna
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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 07.03.2008 - T/Œcuménisme