Laïcité
Publié le 23/12/2014 à 11:35 par auto23652
L’intégrisme laïque
Brutalités contre-productives
L’intégrisme laïque du Grand Orient de France (GOF), qui dénonce ces jours-ci les « véritables provocations » de ceux qui veulent installer des crèches dans les bâtiments publics, n’est pas plus fondé que le sectarisme islamique qui veut assurer semblablement son emprise de nouvelle Église. La laïcité, née de la loi du 9 décembre 1905, n’a pas à se laisser instrumentaliser par des haines anticatholiques portées par ces francs-maçons intolérants ou des haines antijuives et antichrétiennes agitées par les djihadistes qui appliquent le Coran à la lettre. S’en prendre au souvenir catholique ne peut être vécu que comme une agression par ceux qui, même s’ils ne pratiquent plus, restent sensibles aux églises, aux cloches, au calendrier et à ses saints, aux calvaires, aux vitraux, aux fêtes religieuses, dont l’Epiphanie célébrée à l’Elysée avec la galette des Rois. Faudrait-il supprimer ces signes au prétexte qu’ils empiètent sur la neutralité ? La Terreur s’y était déjà employée.
Ces brutalités sont contre-productives. L’identité judéo-chrétienne de la France se réveille et se consolide à mesure qu’elle est contestée. La « génération Jean-Paul II » reste un puissant moteur de la Manif pour tous et de ses déclinaisons. Les thèmes portés (les valeurs, la famille, la filiation, l’écologie, etc.) sont ceux d’une civilisation contestée par les ayatollahs de la laïcité et les exaltés de la soumission à Dieu. Quand le GOF annonce, cette semaine, son soutien à l’initiative de Najat Vallaud-Belkacem pour introduire une « morale laïque » à l’École, tout en prônant la stricte séparation de la République et des cultes, il ne se rend pas compte qu’il est lui-même devenu une Église faisant corps avec l’État. C’est Vincent Peillon, ancien ministre de l’Éducation, qui voulait faire de l’école « une nouvelle Église » destinée à structurer « l’homme nouveau ». Il est l’initiateur de ces futurs cours de morale sur le « vivre ensemble » dont il est permis de douter de la neutralité.
Réponse de Daniel Keller dans le Figaro du 18 décembre 2014 :
Publié le 21/12/2014 à 02:57 par auto23652
Suite à la décision d'interdire la crèche de Noël traditionnellement installée dans le hall du Conseil Général de la Vendée, voici une lettre qui traine sur internet et qui aurait été adressée à Monsieur le Tribunal...
François de Mendizabal
Cher Monsieur le Tribunal,
J'ai pris connaissance, il y a quelques jours, de votre décision d'interdire la crèche de Noël, traditionnellement, installée dans le hall du Conseil Général de la Vendée.
Quelle mouche vous a donc piqué ?
Vous avez fait des études, je suppose. Peut-être, savez vous donc, que Noël vient du latin, Natalis, qui veut dire Naissance. Alors je vais vous livrer un secret, que vous voudrez bien transmettre à vos confrères, qui peut-être nagent avec complaisance, dans la même ignorance que vous. La naissance, dont-il est question, est celle d'un certain Jésus de Nazareth, né il y a un peu plus de 2000 ans. Je dis cela, parce que, étant donné que vous n'avez pas interdit les illuminations de Noël, je suppose que vous ignoriez ce détail. Voyez-vous, Noël n'est pas l'anniversaire de la naissance du Père Noël, je suis désolé si je casse ici une croyance ancrée en vous, mais bien celle de ce Jésus. Interdire une crèche sans interdire toute manifestation publique de cette fête, est aussi stupide, que si vous autorisiez la fête de l'andouillette, tout en interdisant la consommation d'andouillette, le jour de la fête de l'andouillette.
La crèche, c'est ce qu'on appelle une tradition. Et ne me faites pas croire, Monsieur le Tribunal, que le principe de la tradition vous est étranger. Sinon, comment expliquer que les magistrats, exercent leur métier dans un costume aussi ridicule, si ce n'est parce qu'il est le fruit d'une tradition.
Vous êtes un briseur de rêves, Monsieur, vous êtes un étouffeur de sens. La crèche, c'est Noël, et Noël, c'est la crèche. La crèche, c'est aussi l'histoire d'une famille, qui faute de droit opposable au logement, est venue se réfugier dans une étable. C'est un signe d'espoir pour tous les sans logement. La crèche, c'est aussi un roi arabe et un autre africain, qui viennent visiter un juif. C'est un signe d'espérance et de paix, en ces temps de choc de civilisations et de conflit au Moyen Orient. La crèche, c'est aussi des éleveurs, criant de joie et chantant dans une nuit de décembre. Connaissez vous beaucoup d'agriculteurs, qui rigolent en cette période de crise ? La crèche, c'est un bœuf, symbole de la condition laborieuse de l'homme. Enfin, la crèche, c'est un âne, même si une rumeur court, disant que cet âne a quitté la crèche en 2013, pour rejoindre le Tribunal administratif de Nantes.
Malgré le fait, que vous allez sans doute, par souci de cohérence, vous rendre à votre travail le 25 décembre, je vous prie de croire, Monsieur le Tribunal, à l'expression de mes souhaits de bon et joyeux Noël.
Publié le 30/03/2011 à 03:11 par auto23652
| Les valeurs communes de l'Europe sont chrétiennes | | | |
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Le cardinal Mauro Piacenza, préfet de la Congrégation pour le clergé, a déclaré dans son homélie de la messe qu'il a célébrée, le 21 mars dernier à l'abbaye du Mont Cassin, en l'honneur de saint Benoît, patron de l'Europe, que l'Europe est actuellement au centre d'un «défi dramatique» : "ou elle retrouve son identité, nécessairement chrétienne, ou elle risque simplement de ne plus exister comme Europe".
A propos des crucifix dans les écoles publiques, il a rappelé qu'ils ne constitue pas un «endoctrinement» mais «manifestent l'identité culturelle et nationale des pays de tradition chrétienne». "Le crucifix, qui est le principe vivifiant de l'immense œuvre bénédictine, a non seulement été reconnu comme un principe unificateur de l'Italie, en coïncidence avec le 150e anniversaire de son unité politique, mais aussi comme un principe identitaire vers lequel les pays européens peuvent se tourner !". «Pour pouvoir vivre et fonctionner», la démocratie en Europe "a besoin d'une plate-forme solide de valeurs partagées, sans laquelle il est simplement impossible que les systèmes sociaux fonctionnent. En Europe, cette plate-forme de valeurs partagées est indiscutablement fournie par le christianisme, d'un point de vue historique comme d'un point de vue social". "L'homme ne peut et ne doit en aucun cas être instrumentalisé à des fins économiques, politiques ou de pouvoir. Il est une fin, et non un moyen, et donc l'économie, le droit et la politique doivent être conçus comme des instruments indispensables au service de l'homme, de son bien véritable, de son progrès réel, qui coïncide toujours avec le bien commun".
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Publié le 24/03/2010 à 02:36 par auto23652
Laïcisme
Le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec, s'en est pris au laïcisme, qui sévit violemment au Québec en cherchant à supprimer la férie du dimanche, de Noël et du Vendredi Saint.
Paroles d'un prélat de notre Église :
"le Ministère de l’Éducation vient de décider unilatéralement d’abroger l’article 19 du Régime pédagogique, qui contient la liste des congés obligatoires, dont les samedis et les dimanches, le jour de Noël et le Vendredi saint. L’école sera désormais possible sept jours sur sept. Cette nouveauté prétend accommoder le rattrapage scolaire pour les communautés juives et pour d’autres fins, semble-t-il, que la ministre ne réussit pas à justifier face à la grande majorité.
Je fais remarquer que cette énième réforme en éducation ajoute un obstacle supplémentaire au respect du dimanche, un symbole identitaire québécois plus important que le crucifix à l’Assemblée nationale. C’est pourquoi je proteste au nom de l'Église catholique et je demande à l’État de révoquer cette décision qui va à l’encontre des valeurs de la société civile. Le rôle de l’État n’est pas d’imposer des valeurs, mais plutôt de respecter les valeurs de la société civile pluraliste en lui offrant un encadrement souple et respectueux.
Quant au gâchis qui résulte des multiples réformes de l’éducation pour en écarter la religion, je constate tristement qu’un certain refus global de notre identité catholique conduit de plus en plus à un fouillis global en éducation. Les sous-produits sont bien connus : couples fragiles, familles éclatées, avortements massifs, bientôt l’euthanasie, suicides à un taux effarant, décrochage scolaire évidemment, travail sept jours sur sept, etc., etc. Vive le Québec libre de la religion!
N’avons-nous pas besoin d’un bon carême de conversion et de retour à Dieu? Le Québec ne mérite-t-il pas mieux au plan religieux? Il est à l’avant-garde en tant de domaines… Il excelle en sport, en art, en solidarité et en soins de santé malgré tout. Mais ça va mal en éducation à tous les niveaux et les nouvelles générations auraient avantage à être mieux servies au plan religieux pour découvrir un sens global à la vie.
Je partage l’inquiétude et la surprise de la population face à la décision gouvernementale de supprimer les congés du dimanche, de Noël et du Vendredi saint. Cette décision m’apparaît abusive et révélatrice d’une politique laïciste qui élimine les symboles religieux de la place publique. Je m’y oppose non seulement pour des motifs religieux, mais aussi pour protéger la famille et lui laisser sa liberté d’action le dimanche".
Source : le salon beige
Publié le 16/11/2009 à 02:05 par auto23652
Québec: un maire poursuivi pour une prière de vingt secondes !
10-11-2009
Le maire de Saguenay (au Québec), M. Jean Tremblay prend la défense de la religion dans l'espace public et plaide en faveur du maintien de la religion catholique dans les institutions publiques.Il rappelle les racines historiques et religieuses du Québec, et a démontré le lien indissoluble qui existe entre la foi et la culture. Il affirme également qu'il n'y a aucune raison valable de cesser la prière d'ouverture des séances du conseil municipal ou d'enlever le crucifix de l'hôtel de ville. Il a également plaidé en faveur du maintien du crucifix de l'Assemblée nationale du Québec. Il soutient le Motu Proprio Summorum Pontificum du Pape Benoît XVI. Il est poursuivi devant le tribunal des droits de la personne parce qu'il récite une prière d'ouverture des séances publiques du conseil municipal.
Les supporteurs de M. Tremblay ont constitué sur Facebook un groupe auquel il est possible de s'inscrire :
http://www.facebook.com/group.php?gid=4504087559
Vous pouvez également communiquer avec le maire Jean Tremblay à l'adresse suivante : jean.tremblay@ville.saguenay.qc.caCet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir
Source FC - Chicoutimi
Publié le 12/11/2009 à 00:55 par auto23652
L’Italie condamnée par la Cour européenne pour les crucifix à l’école
Le 04 novembre 2009 - (E.S.M.) - Pour le Vatican, "il est surprenant, en outre, qu’une Cour européenne intervienne lourdement dans une matière très profondément liée à l’identité historique, culturelle et spirituelle du peuple italien.
L’Italie condamnée par la Cour européenne pour les crucifix à l’école
Le 04 novembre 2009 -
Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Le Vatican a fait part mardi de sa “stupeur“ et de sa déception après la condamnation de l’Italie par la Cour européenne des droits de l’homme pour la présence de crucifix dans les salles de classe.
Dans une déclaration envoyée à la presse et diffusée à la fois sur Radio Vatican et sur la première chaîne de télévision italienne, le père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a également jugé “surprenant“ qu’une Cour européenne intervienne “dans une matière très profondément liée à l’identité historique, culturelle et spirituelle du peuple italien“.
“La sentence de la Cour européenne a été accueillie avec stupeur et regret au Vatican. La croix a été toujours un signe de l’offre d’amour de Dieu, d’union et d’accueil de toute l’humanité. Il est malheureux qu’elle soit considérée comme un signe de division, d’exclusion ou de limitation de la liberté. Elle ne l’est pas, et elle ne l’est pas dans la perception commune des gens d’ici. Il est particulièrement grave de vouloir mettre en marge du monde de l’éducation un signe fondamental de l’importance des valeurs religieuses dans l’histoire et dans la culture italienne. La religion offre une contribution précieuse pour la formation et la croissance morale des personnes, elle est une composante essentielle de notre civilisation. Il est incorrect et myope de vouloir l’exclure de l’éducation".
Pour le Vatican, "il est surprenant, en outre, qu’une Cour européenne intervienne lourdement dans une matière très profondément liée à l’identité historique, culturelle et spirituelle du peuple italien. Ce n’est pas ainsi que l’on sera plus tentés d’aimer et de partager le projet européen que, comme catholiques italiens, nous avons fortement soutenu dès ses origines. Il semble que l’on veuille désavouer le rôle du christianisme dans la formation de l’identité européenne qui, au contraire, a été et demeure essentiel“.
Sources : radiovm
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 04.11.2009 - T/Brèves
Publié le 22/02/2009 à 12:00 par auto23652
L'enseignement de l'Eglise et la politique
"L’Evangile n’impose rien. Mais le chrétien croit que ses invitations sont chemins de vie, non seulement pour lui et pour les croyants, mais pour la société. Et s’il le croit, il n’a pas le droit de se taire."
En préambule, l'Evangile est, avant tout, une éxigence personnelle: "Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton voisin et ne vois-tu pas la poutre qui est dans le tien". L'enfer a toujours été le fruit de ceux qui ont entrepris de changer le monde, en oubliant le mode d'emploi: l'Evangile.
L'hypocrisie, le mensonge, la cupidité et la prévarication sont un véritable cancer social. Ils touchent en particulier le monde de la politique et le monde de l'économie, facilités en cela par un phénomène de spétacularisation générale de la société:
-"Malheur à vous pharisiens, parce que vous êtes des sépulcres blanchis"
-"Malheur à vous pharisiens parce que vous nettoyez l'extèrieur de la coupe, et que vous oubliez d'en nettoyer l'intérieur."
-"Malheur à vous pharisiens, parce que vous avez les clés de la connaissance, et que vous ne vous en servez pas pour faire progresser les autres, mais pour les empêcher d'y arriver"
Les pharisiens détenaient le pouvoir, ils étaient les politiciens et les détenteurs des richesses d'Israël: "Rien de nouveau sous le soleil", dit l'Ecclésiaste.
Les béatitudes mettent en garde contre la richesse. En Occident, poussés par un consumérisme devenu fou,nous avons pris l'habitude de combler nos enfants, de satisfaire tous leurs désirs et les notres. Ne sommes-nous pas devenus une société d'enfants gatés? Gare aux lendemains, le caractère se forme dans l'effort. "Malheur à vous riches, car vous avez eu votre salaire".
Le Christ est mort sur la Croix, avec l'inscription " INRI" qui est l'acronyme de l'expression latine "Iesus Nazarenus Rex Iudæorum", qui peut se traduire par « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs ». Le peuple attendait un messie, un chef poltique en quelque sorte, qui le sauverait des romains, malgré l'avertissement des prophètes. Mais comment se sauver des autres, quand notre perte n'est le fruit que de nous même!
Quels sont nos véritables besoins? "L'homme vit-il que de pain?" Chassons tous les marchands du Temple, de notre coeur et de notre mode de vie . Revenons à l'essentiel.
Quelles sont les véritables éxigences morales individuelles, pour construire la Jérusalem Céleste? Il faut commencer par tailler chaque pierre pour construire un édifice.
Quelles sont les règles de société qui doivent encourager et accompagner ces exigences morales?
Tout est dans les Evangiles et la Bible. Mais la spéctacularisation de la société civile a gagné notre doctrine, notre pratique religieuse, en gangrénant nos rites et nos prières.
Et l'égalité? Sachons simplement que les véritables sociétés égalitaires qui fonctionnent se trouvent dans les monastères...Demandons nous pourquoi? Célibat, possession du stricte minimum, règle du silence, travail et prière composent généralement les règles monastiques.
Le marxisme, on le sait maintenant, n'a été que la plus grande "hérésie" du christianisme. Demandons nous pourquoi?
Mais hélas les tribulations ne sont pas terminées. La société du spectacle, l'effondrement de la morale qui l'accompagne, la perversion du système, le règne de l'apparence et de la forme, le règne de l'argent de la compétition tout azimut, sont la signature des redoutables forces qui ont pris le pouvoir.
Dans la société de consommation, l'indigence est devenue morale. Nous sommes en train de tomber au plus bas niveau. Pourtant l'éthique et la morale sont gratuites, elles n'ont pas de prix, elles sont à la portée de tout le monde.
François de Mendizabal
http://www.bloghotel.org/Exegese/90274/
Ceci dit que disent les textes ?
Christian Mellon, jésuite, est membre du Ceras. Ce texte est un extrait d’une communication donnée dans le cadre de la session sur la Doctrine sociale de l’Eglise organisée par la Faculté de théologie de l’Institut catholique de Toulouse les 25 et 26 février 2008.
Vatican II : La politique, une nécessité pour atteindre le « bien commun »
Pour Gaudium et Spes (deuxième partie, chapitre IV (73-75), la légitimité de la « communauté politique » tient au fait que les « individus, familles, groupements divers » (ce qu’on appelle « la communauté civile ») ne sont pas en mesure d’atteindre efficacement le « bien commun ». Ils doivent donc conjuguer leurs forces dans une « communauté politique ». Une « autorité publique » est nécessaire comme arbitre (face à la diversité) et comme gestionnaire du bien commun (face à la complexité) ; mais à condition qu’elle protège les droits des personnes et s’exerce « dans les limites de l’ordre moral ».
Cette vision du politique, qui ne met pas en avant la régulation des conflits, suppose une sorte d’unanimisme spontané : tout le monde est supposé vouloir le « bien commun ». Le politique est nécessaire seulement pour coordonner (pour plus d’efficacité) et harmoniser (pour gérer la diversité des opinions) les efforts de tous. On voit que la question proprement politique du « pouvoir », y compris dans sa composante de coercition, n’est pas centrale. Il est significatif que le mot « autorité » soit souvent préféré à celui de « pouvoir », lequel n’apparait que dans l’expression « pouvoirs publics ».
Le texte de Gaudium et Spes, dans sa brièveté, laisse donc de côté bien des aspects de la réalité politique :
du coté des « fins » du politique. La visée du « bien commun » est certes située au fondement, mais on sait que cette notion, si centrale soit-elle dans l’enseignement social de l’Eglise, reste assez floue dans ce qu’elle implique concrètement. Ce flou est souvent surmonté par une notion comme celle de « projet de société », dont il n’est fait ici nulle mention, pas plus que de celle d’idéologie.
du côté des « moyens ». Le texte semble ignorer tout ce qui, dans l’action politique, échappe au consensuel (arbitrer, gérer) pour toucher au coercitif. Rien notamment sur la violence, ni sur les problèmes que pose la définition wébérienne de l’Etat comme « revendiquant avec succès le monopole de la violence physique légitime » sur un territoire.
du côté des acteurs. Le Concile constate la diversité des opinions, et la juge légitime, mais il ne semble pas voir que cette diversité va en général jusqu’à un véritable antagonisme.
Plus positivement, il faut noter deux avancées notables :
un jugement très positif sur la démocratie (75, 1) et une condamnation ferme des formes totalitaires et dictatoriales de gouvernement, ainsi que des atteintes aux droits des minorités.
une clarification sur la question du pluralisme des chrétiens : « Fréquemment, c'est leur vision chrétienne des choses qui les inclinera (les laïcs) à telle ou telle solution, selon les circonstances. Mais d'autres fidèles, avec une égale sincérité, pourront en juger autrement, comme il advient souvent et à bon droit. S'il arrive que beaucoup lient facilement, même contre la volonté des intéressés, les options des uns ou des autres avec le message évangélique, on se souviendra en pareil cas que personne n'a le droit de revendiquer d'une manière exclusive pour son opinion l'autorité de l'Eglise. Que toujours, dans un dialogue sincère, ils cherchent à s'éclairer mutuellement, qu'ils gardent entre eux la charité et qu'ils aient avant tout le souci du bien commun. » (Gaudium et Spes, 43,3)
Octogesima adveniens
Six ans plus tard, un texte assez différent. Pas sur le fondement du politique, qui reste la visée du « bien commun », mais par la prise en compte des débats de l’époque. Surtout Paul VI prend en compte la nécessité d’un « projet de société » pour orienter l’action politique, ce qui introduit une vive discussion des idéologies - marxiste et libérale (§ 26) – qu’il critique fermement.
Conformément à une ligne constante dans l’Enseignement social de l’Eglise depuis Rerum Novarum, Paul VI met en lumière
un argument de poids pour fonder la nécessité du politique : il lui revient de contrôler l’économique (§ 46). L’économique est certes important et légitime, mais, par lui-même, il ne vise pas le bien commun. Cette notion de « contrôle » est importante :
le politique n’a pas à piloter l’économique, mais à le contrôler. Déplorant que les firmes multinationales échappent au contrôle des Etats, Paul VI appelle à un renforcement des organismes internationaux. Il s’inscrit ainsi dans la ligne de Jean XXIII: «
De nos jours, le bien commun universel pose des problèmes de dimensions mondiales. Ils ne peuvent être résolus que par une autorité publique dont le pouvoir, la constitution et les moyens d’action prennent eux aussi des dimensions mondiales et qui puisse exercer son action sur toute l’étendue de la terre. C’est donc l’ordre moral lui-même qui exige la constitution d’une autorité publique de compétence universelle » (Pacem in terris n° 137).
Ce texte s’achève par une très forte insistance sur la nécessité, pour les laïcs, de s’engager dans l’action : § 48-49. Le pluralisme des options est à nouveau évoqué.
Jean-Paul II : L’engagement politique, pour un chrétien, est un devoir
On connaît l’engagement de Jean Paul II sur bien des terrains politiques, à commencer par celui de la résistance non violente aux totalitarismes (cf. Centesimus annus III, 23), fondée sur le respect des droits de l’homme (dès sa première encyclique Redemptor Hominis) et sur celui de la paix (ferme opposition à la guerre américaine en Irak).
Quant à la nécessité du politique, il l’aborde peu pour elle-même, mais indirectement chaque fois qu’il souligne la nécessité de maitriser les tendances qui, laissées à elles-mêmes, seraient porteuses de mort et déshumanisantes.
Je retiendrai donc seulement ici ce passage important de son exhortation apostolique, « Les laïcs fidèles du Christ », publiée après le Synode de 1987 sur les laïcs : « Pour une animation chrétienne de l'ordre temporel [..., pour] servir la personne et la société, les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la politique, à savoir l'action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir le bien commun. Les Pères du Synode l'ont affirmé à plusieurs reprises : tous et chacun ont le droit et le devoir de participer à la politique [...]. Les accusations d'arrivisme, d'idolâtrie du pouvoir, d'égoïsme et de corruption qui bien souvent sont lancées contre les hommes du gouvernement, du parlement, de la classe dominante, des partis politiques, comme aussi l'opinion assez répandue que la politique est nécessairement un lieu de danger moral, tout cela ne justifie pas le scepticisme ni l'absentéisme des chrétiens pour la chose publique . »
Il est donc souhaitable que des laïcs chrétiens, dans un esprit de service, militent dans des partis et visent à exercer le pouvoir. Mais l’engagement pour « la chose publique » peut prendre d’autres formes, puisque la définition ici donnée de la politique est très large.
Benoît XVI : L’objet de la politique est la justice
Importantes précisions, dans Deus caritas est (§ 26-29), sur le rapport Justice/Charité et sur les rôles respectifs de l’Eglise et de la politique.
Benoît XVI rappelle que Charité et justice ne s’opposent pas (« L’amour – caritas – sera toujours nécessaire, même dans la société la plus juste ») mais souligne que la justice est la tâche propre du politique, et la charité celle de l’Eglise.
Une lecture rapide pourrait donner l’impression que le pape recule, par rapport à ses prédécesseurs, sur le devoir d’engagement politique des chrétiens. Surtout qu’il évite l’expression fameuse de Pie XI sur la « charité politique », préférant emprunter au catéchisme de l’Eglise le terme - moins paradoxal, mais non moins fort - de « charité sociale » (§ 29). En fait, Benoît XVI réaffirme clairement que « l’Eglise ne peut ni ne doit rester à l’écart dans la lutte pour la justice » (§ 28-a), une lutte dont il précise justement qu’elle relève du politique. Dans cette lutte, le chrétien rejoint tous les hommes de bonne volonté. Car, si la charité est vraiment le « propre » du message évangélique, elle pousse les chrétiens à s’engager dans une tâche qui ne leur est pas propre, une tâche qui relève de l’éthique et doit mobiliser tout homme, croyant ou non : faire la justice. Une formule résume cela très clairement : « La société juste ne peut être l’œuvre de l’Eglise, mais elle doit être réalisée par le politique »).
On peut alors se demander en quoi l’Eglise prend part à la « lutte pour la justice », puisqu’elle respecte « l’autonomie des réalités terrestres » et « refuse de se mettre à la place de l’Etat ». Pour Benoît XVI, l’Eglise apporte quatre contributions importantes :
-1) elle propose sa doctrine sociale, accessible à tous puisqu’elle argumente « à partir de la raison et du droit naturel » ; elle aide ainsi à définir l’objectif commun :
« Le but d’un ordre social juste consiste à garantir à chacun (…) sa part du bien commun » .
-2) elle donne vigueur à une foi capable de « purifier la raison ». En effet, quand il s’agit de passer à l’action, la raison pratique est guettée par « l’aveuglement éthique », provoqué par la « tentation de l’intérêt et du pouvoir ». C’est alors que « politique et foi se rejoignent » :
la foi, fondée dans une vraie rencontre avec le Dieu vivant, peut libérer la raison de ses aveuglements. Elle aide l’acteur politique à rester lucide sur ce qui, dans tout programme visant à réaliser la justice, pourrait cacher en fait la poursuite d’intérêts ou de puissance.
-3) elle protège aussi contre l’idéologie du « tout politique » :
« L’expérience de l’immensité des besoins peut nous pousser vers l’idéologie qui prétend faire maintenant ce que Dieu, en gouvernant le monde, n’obtient pas, à ce qu’il semble : « la solution universelle de tous les problèmes »
-4) elle « forme les consciences » des laïcs chrétiens à qui incombe d’» agir pour un ordre juste dans la société …en coopérant avec les autres citoyens ».
Elle ne leur dit pas ce qu’il faut faire ; mais réveille leurs « forces spirituelles » pour affronter les luttes et les renoncements, car ils devront toujours agir en fonction des véritables exigences de la justice, « même si cela est en opposition avec des situations d’intérêt personnel ».
Quelques citations rétrospectives sur le lien entre politique et charité
« Le domaine de la politique... est le champ de la plus vaste charité, la charité politique », dit Pie XI en 1927. Et aujourd’hui la Commission pontificale Justice et paix précise : « La pratique de la charité ne se réduit pas à l’aumône, mais implique l’attention à la dimension politique et sociale du problème de la pauvreté . » Ou encore :
« L’œuvre de miséricorde grâce à laquelle on répond ici et maintenant à un besoin réel et urgent du prochain est indéniablement un acte de charité, mais l’engagement tendant à organiser et structurer la société de façon à ce que le prochain n’ait pas à se trouver dans la misère est un acte de charité tout aussi indispensable… »
L'assemblée des évêques de France, en 1972, reprend le même thème: « L'action politique a un fantastique enjeu : tendre vers une société dans laquelle chaque être humain reconnaîtrait, en n'importe quel autre être humain, son frère et le traiterait comme tel ».
Paul VI, l'année précédente, écrivait dans Octogesima adveniens : « La politique est une manière exigeante de vivre l'engagement chrétien au service des autres ».
Publié le 27/06/2008 à 12:00 par auto23652
Sphère religieuse, sphère politique et principe de laïcité
Rome, le 26 Juin 2008 - (E.S.M.) - Conseil Pontifical "Justice et Paix", Séminaire International - 20-21 juin 2008, "Politique : Forme exigeante de charité". Conférence du Prof. Thierry BOUTET, Fondation de Service politique.
Prof. Thierry BOUTET
Sphère religieuse, sphère politique et principe de laïcité
Par le Prof. Thierry BOUTET, Fondation de Service politique
Sphère religieuse, sphère politique et principe de laïcité.
Je voudrais pour commencer situer mon propos et son fil conducteur.
Mon intention est modeste : c’est celle d’un fidèle catholique qui a enseigné l’histoire de la philosophie politique et qui est aujourd’hui engagé dans la vie professionnelle et dans le cadre de la Fondation de service politique dans un combat plus métapolitique et culturel que politicien.
Mon intervention est aussi celle d’un Français qui - pour une fois - ne prétend pas tenir un discours universel et définitif !
Quant au fil rouge de cette intervention il est simple :
Pour moi, la sphère politique a subverti la sphère religieuse.
Elle l’a subvertie pour des raisons qui tiennent aux circonstances historiques particulières à la France et pour des raisons qui tiennent aux caractéristiques de la modernité politique.
Cette subversion a pris la forme d’une religion civile, laïcisée, ou sécularisée.
La question que je me pose est : comment un chrétien, français de surcroît, fidèle à sa foi, peut-il s’engager en politique sans sacrifier aux dieux de la modernité politique ?
La culture ambiante, particulièrement en France, n’est pas favorable au chrétien qui souhaite s’engager en politique.
Malgré les exhortations de Jean Paul II et de Benoît XVI, beaucoup d’entre eux ont la tentation de déserter la vie politique pour ne pas exposer leur foi et leurs convictions aux aléas d’un combat et d’une société qui les récusent largement.
Rappelons ce qu’écrivait Jean Paul II dans son exhortation Chritifideles laici.
« Les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la «politique», à savoir à l'action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun. Les Pères du Synode l'ont affirmé à plusieurs reprises: tous et chacun ont le droit et le devoir de participer à la politique; cette participation peut prendre une grande diversité et complémentarité de formes, de niveaux, de tâches et de responsabilités. Les accusations d'arrivisme, d'idolâtrie du pouvoir, d'égoïsme et de corruption, qui bien souvent sont lancées contre les hommes du gouvernement, du Parlement, de la classe dominante, des partis politiques, comme aussi l'opinion assez répandue que la politique est nécessairement un lieu de danger moral, tout cela ne justifie pas le moins du monde ni le scepticisme ni l'absentéisme des chrétiens pour la chose publique. » (CFL N°42)
D’autres, en dépit des contraintes, s’engagent dans l’action politique mais sans oser affirmer leurs convictions.
- Pour les uns il s’agit d’une position de principe : la distinction wébérienne entre « éthique de responsabilité » et « éthique de conviction » leur fournit une clef pratique pour justifier des positions prises sans référence à leurs propres convictions religieuses.
- Pour d’autres, enfin, c’est seulement affaire de commodité et de circonstance ; ce relativisme de principe allant dans le sens de leur opportunisme.
Quoi qu’il en soit, il est difficile, en France, d’être étiqueté « catholique » et de faire de la politique.
Notre société n’apprécie pas que l’on invoque sa foi dans la sphère des affaires publiques. Sous le nom de laïcité, elle tolère les convictions religieuses sous réserve qu’elles ne s’ingèrent pas dans l’action politique.
Est-il possible dans ces conditions de réconcilier les sphères du religieux et du politique ?
La culture dominante en France trouve la question incongrue et répond non.
Depuis deux cent ans en France, la sphère politique a délimité son périmètre en cantonnant le religieux à la sphère de la vie privée et à la famille.
A y regarder de plus près, les frontières ne sont pas aussi étanches.
La loi de 1905 est une loi de compromis.
Son article 1 affirme que « La république assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public »
Quant à son article 2 il prévoit que « la république ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte »
Si l’article 1 est bien appliqué, le second souffre de nombreuses exceptions, directes ou indirectes, au plus grand avantage de l’Église.
La République française entretient les églises, subventionne l’enseignement catholique et rétribue les aumôniers de prison et les aumôniers militaires.
Les associations cultuelles bénéficient de nombreux avantages fiscaux et bien souvent de la bienveillance du fisc. La République française est laïque mais est, finalement, assez bonne mère pour l’Église.
Il existe en France un courant laïciste, mais il est minoritaire. Tant que l’on ne touche pas aux symboles comme l’a fait Nicolas Sarkozy, les relations entre l’Église et les pouvoirs publics se passent globalement bien.
Une situation qui explique la prudence des évêques sur cette question. Personne ne souhaite ni à intérêt à rouvrir des querelles qui datent d’un autre siècle.
Mais cette paix apparente favorise un effacement du religieux.
Le politique a de plus en plus tendance à occuper l’espace laissé libre par les religions, à dire à leur place le bien et le mal et à fixer des normes dans des domaines qui ne sont pas de sa compétence.
En effet le progrès techniques, l’évolution des mœurs conduit le politique à légiférer en matière éthique dans des matières connexes au religieux.
Si depuis longtemps l’état moderne est sorti de ces prérogatives régaliennes pour envahir le domaine de l’économie et du social, aujourd’hui il tend à intervenir de plus en plus dans celui de l’éthique et des comportements privés.
Il y est entraîné par une sorte de pente naturelle qui tient aux principes par lesquelles, sous le nom de laïcité, il justifie et fonde désormais son autorité.
Si en France, l’Église à certains moments de son histoire de France a pu pécher par excès de cléricalisme ces temps sont largement révolus. Sans remettre en cause la légitime autonomie du politique dans son ordre, que l’on peut qualifier de saine laïcité, est-il possible d’inverser cette tendance hégémonique qui procède d’un laïcisme aussi dangereux que le cléricalisme a pu l’être.
C’est ce processus que je souhaiterai rapidement évoquer avant d’examiner brièvement la posture qui peut être la notre dans la ligne de la « Note doctrinale sur l'engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique » du 24 novembre 2002, publié par le Cardinal Ratzinger alors Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi
Le religieux précède le politique.
Il le précède historiquement mais aussi anthropologiquement et ontologiquement.
Nous avons pensé à Dieu avant même que les cités n’existent.
L’homme est un animal religieux avant d’être un animal politique.
La quête de sens, la quête religieuse, l’instinct religieux sont connaturels à l’homme.
Comme l’a très bien remarqué Nicolas Sarkozy, le politique n’a pas vocation à répondre à cette quête.
Que cette remarque de bon sens ait pu en choquer certains est révélatrice du déplacement que la modernité politique a opéré et de la prétention du politique à envahir ce que l’on peut appeler très généralement la sphère des valeurs ou des représentations religieuses.
A l’origine donc, l’autorité procède du religieux.
La cité se constitue autour des dieux d’une famille ou d’un clan plus puissant que les autres.
Le questionnement religieux est bien antérieur au questionnement politique.
La politique est fille de la religion et de la métaphysique.
Tous les mots du langage politique que nous utilisons encore, sont nés en Grèce dans un contexte religieux, nous on été transmis par Rome et ont été baptisé par les Pères et les grands Docteurs de l’Église.
Mais comme on le sait une révolution culturelle s’est produite et a rompu ce lien.
A quel moment ?
Paul Hasard, un universitaire français d’avant la guerre de 1940, la date de la fin du XVIIème siècle dans un texte élégant qui se trouve au début de son essai sur la crise de la conscience européenne :
« Quel contraste ! quel brusque passage ! La hiérarchie, la discipline, l’ordre que l’autorité se charge d’assurer, les dogmes qui règlent fermement la vie : voilà ce qu’aimaient les hommes du dix-septième siècle. Les contraintes, l’autorité, les dogmes, voilà ce que détestent les hommes du dix-huitième siècle, leurs successeurs immédiats. Les premiers sont chrétiens, et les autres antichrétiens ; les premiers croient au droit divin, et les autres au droit naturel ; les premiers vivent à l’aise dans une société qui se divise en classes inégales, les seconds ne rêvent qu’égalité. Certes, les fils chicanent volontiers les pères, s’imaginant qu’ils vont refaire un monde qui n’attendait qu’eux pour devenir meilleur : mais les remous qui agitent les générations successives ne suffisent pas à expliquer un changement si rapide et si décisif. La majorité des Français pensait comme Bossuet ; tout d’un coup, les Français pensent comme Voltaire : c’est une révolution. »
Cette révolution est souvent décrite comme un processus de sécularisation.
Le terme est récent. Il apparaît dans la philosophie politique allemande du XXe siècle, notamment chez Carl Schmitt, pour décrire le recul de l’influence de la religion dans la vie publique.
Mais le sens du terme et le phénomène sont bien antérieurs
En un sens Saint Paul l’évoque déjà lorsqu’il écrit dans l’épître au Romain :
« Je vous exhorte donc frères par la miséricorde de Dieu à offrir vos personnes en hostie vivante sainte agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre. Et ne vous modelez pas sur le monde présent (littéralement sur le « siècle » « saeculum » dans la Vulgate), mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plait, ce qui est parfait ». (Rom 12 1-2)
Par rapport à la question qui nous occupe ce petit texte projette une lumière très crue sur la situation de l’homme contemporain et pourrait faire l’objet d’un long commentaire.
Si l’on suit Saint Paul, la sécularisation consiste positivement à « modeler notre jugement sur le monde (saeculum)».
Elle est donc l’exact contraire de la sanctification par laquelle notre esprit et tout notre être est vitalement uni à Dieu.
Une société sécularisée est une société dont l’horizon est devenu le siècle, où l’homme est devenu la mesure de toute chose et qui n’a plus comme but ultime sa sanctification, mais sa sécurité et sa prospérité.
Bien plus tard Auguste Compte écrira (Cinquième opuscule de philosophie sociale):
« Tout est relatif au temps… voila le seul principe absolu».
Ou encore « Tout ce qui se développe spontanément est nécessairement légitime pendant un certain temps comme satisfaisant par cela même à quelque besoin de la société ».
A l’opposé de toute conception transhistorique du destin de l’homme, ou de toute espérance théologale dont l’horizon est la sanctification, l’historicisme, le relativisme, le matérialisme pratique sont donc inhérents à la sécularisation.
Mais surtout la sécularisation est une conception de la liberté.
Du point de vue politique, les prémices de cette révolution peuvent s’observer dés le Moyen âge chez Occam.
Elle consiste en une première rupture entre foi et raison.
Dans le contexte bien particulier d’une double querelle, l’une dite des universaux, l’autre entre la papauté et l’empereur d’Allemagne, Occam pose le principe que Dieu est si puissant, qu’une chose qui est, peut ne pas être.
Avec Occam, la puissance de Dieu cesse d’être ordonnée par sa sagesse.
Ainsi Occam fait implicitement voler en éclat le principe de non contradiction et affirme le primat absolu de la puissance de la volonté sur la sagesse et la raison.
En rendant la puissance de Dieu arbitraire, ce principe va plonger, par étape, la pensée politique classique dans l’univers de la modernité.
L’autorité ne dépend plus d’un ordre de sagesse auquel librement elle se soumet.
Peu à peu la fonction du souverain ne va plus consister à « dire » une loi qui selon Saint Paul nous permet de « discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plait, ce qui est parfait ».
Désormais le souverain « fera » la loi, d’une certaine manière ex nihilo.
Si le souverain de l’univers, modèle de toute autorité, n’est plus contraint par rien pourquoi les souverains de la terre le seraient-il dans l’espace et le temps qui est le leur ?
Si les actes de Dieu relèvent du « fait du prince », pourquoi les petits princes de la terre dont le pouvoir n’est qu’une délégation du souverain de l’univers n’agiraient-il pas de même dans leurs petites sphères ?
En France, le premier théoricien à tirer les conséquences politiques de la révolution occamienne est Jean Bodin.
Il appartient au parti dit des politiques.
En pleine guerre de religions ceux-ci cherchent avec courage à demeurer neutres. Trois ans après la saint Barthélémy, en 1576, Bodin publie les six gros livres de la politique.
Ceux-ci sont peu lus aujourd’hui, bien moins que le Prince de Machiavel ou le Léviathan de Hobbes. Pourtant, c’est Bodin qui théorise, le premier, les fondements de l’État Moderne séculier.
Il définit la souveraineté « comme la puissance absolue et perpétuelle d’une république ».
Et c’est tout.
Le souverain est chez lui une pure efficience. Il exclut toute finalité dans sa définition.
Dans ces conditions le prince – comme le Dieu d’Occam – peut donner et casser la loi comme bon lui semble, sans autres motifs que ceux qu’il se donne à lui-même.
« Car tel est mon bon plaisir », dit le roi.
C’est un roi absolu, c'est-à-dire « absous », de la puissance de la loi qu’il fait lui-même.
Cette idée d’une souveraineté absolue dont les théoriciens de la fin de l’ancien régime français vont s’emparer libère le souverain des contraintes féodales qui demeurent encore et de toute prétention du pouvoir pontifical dans le domaine politique.
Mais c’est aussi l’enracinement transcendant du pouvoir qui saute avec Bodin.
C’est sous l’ancien régime que nait la conception moderne de l’État, il ne faut jamais l’oublier. Lorsque la révolution survient, la monarchie chrétienne a déjà cessé de l’être dans son fondement.
Mais la révolution occamienne ne s’applique pas seulement au souverain. Elle s’applique à tout homme.
Avec Hobbes, la liberté cesse d’être une qualité de la volonté soumise à la raison, elle devient une pure puissance autonome inconditionnée, une capacité de vouloir par elle-même sans limite. C’est un pur pouvoir sans norme externe.
Kant, à sa suite, nous le dit dans un petit texte intitulé, « Qu’est-ce que les lumières ? »
« Les lumières, répond t-il, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cette tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de la résolution et du courage de s’en servir sans la conduite d’un autre. Saper auder ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voila la devise de lumières. »
La révolution française ne fera que donner un cadre institutionnel et politique à la sécularisation triomphante en débarrassant la France de tous les freins qui limitaient encore les souverains sous l’ancien régime.
Comme l’écrit Mirabeau à Louis XVI le 9 juillet 1790 « l’idée de ne former qu’une seule classe aurait plu à Richelieu, cette surface égale facilite l’exercice du pouvoir »
Désormais le divorce entre la sphère religieuse et la sphère politique est consommé au profit du politique qui se revêt des attributs divins.
Quant à la politique elle ne consiste plus à gouverner une communauté en vue du bien commun. Elle devient un programme de renouvellement du genre humain, un gouvernement de « salut public », comme le proclameront les révolutionnaires jacobins de 1793.
Il en résulte deux conséquences que de nombreux auteurs ont décrites :
1° Le souverain acquiert une puissance qu’il n’avait jamais eue auparavant :
De nombreux auteurs l’on constaté.
Ainsi Benjamin Constant
« L’erreur de ceux qui de bonne foi dans leur amour de la liberté ont accordé à la souveraineté du peuple un pouvoir sans bornes, vient de la manière dont se sont formées leurs idées en politique. Ils ont vu dans l’histoire un petit nombre d’hommes, ou même un seul en possession d’un pouvoir immense qui faisait beaucoup de mal, mais leur courroux s’est dirigé contre les possesseurs du pouvoir et non contre le pouvoir même. Au lieu de le détruire, ils n’on songé qu’à le déplacer. C’était un fléau, ils l’on considéré comme une conquête. » (De la liberté chez les modernes)
De même pour Alexis de Tocqueville :
« En se débarrassant de la foi au nom de l’autonomie absolue de la raison humaine les hommes du XVIII ème siècle ont donné au pouvoir temporel une puissance qu’il n’avait jamais eu. Les révolutionnaires n’ont pas affaibli le souverain ils l’on libéré de toutes les tutelles qui freinait sa puissance » (démocratie en Amérique)
Ou pour Bertrand de Jouvenel :
« une fois l’homme déclaré la mesure de toutes choses, il n’y a plus ni vrai ni bien, ni juste, ni injuste, mais seulement des opinions égales en droit, dont le conflit ne peut-être tranché que par la force politique ou militaire ; et chaque force triomphante intronise à son tour un vrai, un bien , un juste qui dureront autant qu’elle » (du pouvoir)
« La communauté des croyances était un puissant facteur de cohésion sociale, soutenant les institutions et entretenant les mœurs. Elle assurait un ordre social, complément et support de l’ordre politique, dont l’existence, manifestée par l’autonomie et la sainteté du droit déchargeait le pouvoir d’une immense responsabilité et lui opposait un rempart infranchissable »
Et confirme encore Jouvenel :
« Cette vérité est capitale car un pouvoir qui définit le bien et le juste est tout autrement absolu, quelle que soit sa forme qu’un pouvoir qui trouve le juste et le bien définis par une autorité surnaturelle. Un pouvoir qui règle les conduites humaines selon les notions d’utilité sociales est tout autrement absolu qu’un pouvoir régissant des hommes dont les conduites sont construites par Dieu ? Et l’on sent ici que la négation de la législation divine que l’établissement d’une législation humaine sont le pas le plus prodigieux qu’une société puisse accomplir vers l’absolutisme du pouvoir » (ibid)
2° Cette croissance de la puissance du souverain est dû à une sorte de sacralisation séculière de la politique.
Ainsi pour Alexis de Tocqueville, la révolution française a opéré comme une révolution religieuse :
« Elle a allumé une passion que jusque-là les révolutions politiques les plus violentes n’avaient pu produire. Elle a inspirée le prosélytisme et fait naître la propagande. Par la enfin elle a pu prendre cet air de révolution religieuse qui a tant épouvanté les contemporains ; ou plutôt elle est devenue elle-même une sorte de religion imparfaite, il est vrai sans Dieu, sans culte, et sans autre vie mais qui néanmoins comme l’islamisme a inondé toute la terre de ses soldats de ses apôtres et des ses martyrs » (L’ancien régime et la révolution Liv I Chap 3)
Et François Furet constate :
« Le paradoxe de l’histoire moderne de la France consiste à ne retrouver l’esprit du christianisme qu’à travers la démocratie révolutionnaire. Ou encore : La révolution française renouvelle la parole religieuse sans jamais accéder au religieux. Les Français ont divinisé la liberté, l’égalité moderne, sans donner aux principes nouveaux d’autres apports que l’aventure historique d’un peuple resté catholique » (L’idée française de révolution)
Deux conceptions de la laïcité fondées sur deux conceptions de la liberté vont donc s’affronter.
D’une part, celle de l’Église : « Pour la doctrine morale catholique la laïcité est comprise comme une autonomie de la sphère civile et politique par rapport à la sphère religieuse et ecclésiastique,- mais pas par rapport à la sphère morale. », écrit le Cardinal Ratzinger dans sa note de 2002 et il ajoute :
« La “laïcité”, en effet, désigne en premier lieu l'attitude de celui qui respecte les vérités qui procèdent de la connaissance naturelle sur l'homme vivant en société. Peu importe que ces vérités soient enseignées aussi par telle ou telle religion particulière puisque la vérité est une. »
D’autre part celle de la modernité politique : pour celle-ci, comme l’écrit Jacques Rollet dans la tentation relativiste ou la démocratie en danger, p. 118, la laïcité est devenue « une certaine conception de la liberté politique à laquelle on assigne la tâche de délivrer le genre humain des chaînes du ciel. »
Dans ces conditions quel est l’enjeu de l’engagement des chrétiens en politique ?
Que peut faire dans ces conditions un catholique dont la conscience est « une » et ne peut être séparée entre d’un côté une conscience morale et de l’autre une conscience politique ou en « deux vie parallèles, l’une spirituelle et l’autre séculière ».
La première condition me semble t-il est d’être convaincu que, comme l’écrit encore le Cardinal Ratzinger « Les citoyens catholiques ont le droit et le devoir, comme tous les autres, de rechercher sincèrement la vérité, de promouvoir et de défendre par tous les moyens licites, les vérités morales sur la vie sociale, la justice, la liberté, le respect de la vie et les autres droits de la personne. » N° 6. C’est loin d’être le cas.
Il ne s’agit pas bien entendu d’identifier loi religieuse et loi civile : « La foi n'a jamais prétendu emboutir dans un schéma rigide les contenus sociaux-politiques » écrit encore l’ancien Préfet de la doctrine de la foi.
Mais il existe comme une grammaire de l’humanité. Chaque homme a au fond de lui-même le sens du bien et du mal. Le décalogue ne fait qu’en formuler les grandes règles. Celles-ci s’énoncent en un ensemble de préceptes négatifs et positifs universels : « Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu honoreras ton père et ta mère, tu sanctifieras le nom de Dieu etc.. »
Cette grammaire, l’Église ne l’a pas faite. Elle l’a reçue comme un dépôt.
En écrivant sa longue histoire l’humanité n’a pas toujours su, respecter cette règle de vie ; peu s’en faut ! Mais une chose est de faire des fautes de grammaire, autre chose est de refuser toute grammaire ou de la laisser à l’arbitraire de chacun.
Jean Paul II à de multiples reprises a montré combien cette grammaire ne pouvait dépendre d’une majorité d’opinion.
Au N° 70 dans « Evangelium Vitae » il écrit :
« En réalité, la démocratie ne peut être élevée au rang d'un mythe au point de devenir un substitut de la moralité ou d'être la panacée de l'immoralité. Fondamentalement, elle est un « système » et, comme tel, un instrument et non pas une fin. Son caractère « moral » n'est pas automatique, mais dépend de la conformité à la loi morale, à laquelle la démocratie doit être soumise comme tout comportement humain: il dépend donc de la moralité des fins poursuivies et des moyens utilisés. Si l'on observe aujourd'hui un consensus presque universel sur la valeur de la démocratie, il faut considérer cela comme un « signe des temps » positif, ainsi que le Magistère de l'Église l'a plusieurs fois souligné. Mais la valeur de la démocratie se maintient ou disparaît en fonction des valeurs qu'elle incarne et promeut: sont certainement fondamentaux et indispensables la dignité de toute personne humaine, le respect de ses droits intangibles et inaliénables, ainsi que la reconnaissance du « bien commun » comme fin et comme critère régulateur de la vie politique.
Le fondement de ces valeurs ne peut se trouver dans des « majorités » d'opinion provisoires et fluctuantes, mais seulement dans la reconnaissance d'une loi morale objective qui, en tant que « loi naturelle » inscrite dans le cœur de l'homme, est une référence normative pour la loi civile elle même. Lorsque, à cause d'un tragique obscurcissement de la conscience collective, le scepticisme en viendrait à mettre en doute jusqu'aux principes fondamentaux de la loi morale, c'est le système démocratique qui serait ébranlé dans ses fondements, réduit à un simple mécanisme de régulation empirique d'intérêts divers et opposés. »
Le politique ne peut que recevoir et respecter cette règle d’or, tout comme l’Église. Le catholique n’a pas à avoir honte de mettre en cause la démocratie dans la mesure où celle-ci s’en éloigne. Cette attitude n’est pas du confessionnalisme.
Elle pourrait le devenir si les chrétiens n’évitaient pas une tentation toujours possible d’instrumentaliser la religion au profit d’un projet humain.
Certains catholiques français du XIXème siècle et du siècle dernier qui avaient la nostalgie de ce qu’ils croyaient être l’ancien régime ont pu y succomber en rêvant d’une chrétienté mythique.
Cette tentation, même inspirée de motifs religieux, est celle de Babel, du mythe de la cité humaine parfaite. Les idéologies du dix-neuvième siècle et du vingtième siècle et l’islamisme actuel témoignent du danger de telles utopies.
Le trône et l’autel peuvent paraître s’y côtoyer, en réalité leurs inspirations ne sont qu’humaines et séculières.
Je suis toujours inquiet lorsque j’entends quelqu’un, même catholique, dire qu’il se bat en politique pour des idées ou pour une forme de régime.
Nous n’avons pas de modèle de société à proposer, fut-il religieux.
C’est ce qui nous distingue fondamentalement de l’Islam. L’Église au cours des siècles a soutenu bien des formes d’organisation politique. Elle n’en a absolutisé aucune.
Nous n’entrons pas en politique pour construire une société parfaite à nos yeux, et pour l’imposer par la persuasion ou la force à nos concitoyens mais pour mettre en œuvre le commandement de l’amour comme le suggère le titre de ce colloque.
Seule la mise en œuvre du commandement de l’amour peut subvertir la subversion religieuse opérée par la modernité politique.
La Charité comme le dit Saint Paul « met sa joie dans la vérité ». Nous ne devrions pas avoir peur à être dans notre société des instances critiques, en particulier sur la question du respect des droits fondamentaux si souvent bafoués.
Nous avons à combattre simultanément le caractère totalitaire du souverain moderne – fut-il démocratique – et le relativisme qui inspire son action.
Ce combat passe par une réforme des missions de l’État et de son rôle bien plus que par la réforme des institutions démocratiques.
Nous devons faire aussi de la question de l’unité de conscience en politique l’un des axes de notre action et de notre témoignage dans la vie politique jusqu’à poser si nécessaire la question de l’objection de conscience.
C’est la culture politique sous jacente au fonctionnement des institutions démocratiques qu’il faut transformer beaucoup plus que ces institutions elle mêmes. La réforme à conduire est d’abord culturelle.
Les dissidents de l’Est, la minorité chrétienne américaine, dans des contextes très différents nous ont appris que l’évolution vers toujours plus d’étatisme et de relativisme n’est pas irréversible.
Ce combat ne signifie pas que nous voulons imposer aux autres le plan de la maison commune ou la ligne de conduite à suivre. Mais nous devons les inviter par notre parole, par notre témoignage et par nos choix à respecter pour le bien de tous, cette grammaire profonde de l’humanité enfouie au plus intime de chaque conscience
La juste attitude me semble t-il consiste donc en ceci :
Notre foi nous conduit à aimer chaque homme. Elle nous invite à être attentif à ce qu’il est et à respecter à son égard un code de conduite que résume le commandement de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimé ».
Nous ne sommes pas là pour « convertir », mais pour évangéliser, enseigner, éclairer et aimer, ce qui suppose aussi de savoir dire non : « non possumus » répond saint Pierre au grand prêtre qui lui refusait le droit de parler des choses qu’il avait vues et entendues. (Act IV, 19-20)
La Révélation ne nous fournit pas le modèle de la cité idéale. Celle-ci n’existe qu’au ciel. Nous ne sommes que sur le chemin.
Même si ces chemins nous paraissent parfois de traverses, ne nous conduisent-ils pas tous à Rome ?
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18 - 21 septembre 2008 (C’est le WE après la visite de Benoît XVI en France) UNIVERSITÉ D’ÉTÉ - A L’OMBRE DE LA CATHÉDRALE DE CHARTRES : Renseignements Format Pdf ► Cliquez - RELEVER LES DÉFIS ÉTHIQUES QUOTIDIENS - A LA DÉCOUVERTE DE L’ENSEIGNEMENT SOCIAL CHRÉTIEN. Pour en savoir plus : http://doctrinesocialeeglise.org/spip.php?article154
Sources : www.vatican.va - E.S.M.
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 26.06.08 - BENOÎT XVI
Publié le 18/04/2008 à 12:00 par auto23652
Laïcs par amour de la religion dit Benoît XVI
Le 17 avril 2008 - (E.S.M.) -
Nous revenons à la discussion avec les journalistes : En réponse à la question de Tornielli, quatrième intervention, Benoît XVI a abordé un sujet qui lui est cher, le modèle américain de rapport entre religion et politique :
Le Saint-Père Benoît XVI lors de l'arrivée à l'aéroport -
Laïcs par amour de la religion dit Benoît XVI
“Il y a une chose que je trouve fascinante aux États-Unis : c’est que ce pays est né avec une conception positive de la laïcité. Ce nouveau peuple était constitué de communautés et de personnes ayant fui des Églises d’état. Elles voulaient un état laïc pour permettre aux gens de toutes les confessions de pratiquer leur propre religion. […] Ils étaient laïcs justement par amour de la religion, de l’authenticité de la religion, qui ne peut être vécue que dans la liberté. […] Je pense que c’est quelque chose de fondamental et de positif, à prendre en considération, y compris en Europe“.
Joseph Ratzinger/Benoît XVI a déjà formulé ces idées plusieurs fois, avant et après son élection en tant que pape. La dernière fois, c’était le 29 février dernier, quand il a reçu au Vatican le nouvel ambassadeur des États-Unis près le Saint-Siège, la catholique Mary Ann Glendon.
Et Benoît XVI a repris ces idées dans le discours qu’il a adressé à George W. Bush, au matin du mercredi 16 avril, à la Maison Blanche.
Mais pour mieux comprendre pourquoi Benoît XVI considère les États-Unis comme un exemple pour le monde entier – et surtout pour l’Europe – de rapport positif entre religion et politique, un éclairage est donné par cette page du livre qu’il a écrit et publié en 2004, étant cardinal, sous le titre “Sans racines. Europe, relativisme, christianisme, islam“:
Laïcs par amour de la religion
par Joseph Ratzinger/Benoît XVI
L’idée d’une religion civile chrétienne me fait penser à l’œuvre d’Alexis de Tocqueville, “La démocratie en Amérique“. Pendant ses recherches aux États-Unis, l’historien français avait constaté – pour faire bref – que le système de règles intrinsèquement instable et fragmentaire sur lequel cette démocratie semblait reposer fonctionnait uniquement parce que la société américaine partageait tout un ensemble de convictions religieuses et morales d’inspiration christiano-protestante. Personne ne les avait prescrites ou définies, mais tout le monde les considérait simplement comme une base spirituelle évidente. La reconnaissance de ces orientations religieuses et morales fondamentales qui dépassaient chacune des confessions mais qui déterminaient la société de l’intérieur, a renforcé l’ensemble des lois et défini les limites de la liberté individuelle depuis l’intérieur, en offrant justement pour cette raison les conditions d’une liberté partagée et participative.
A ce propos, je voudrais citer une formule significative de Tocqueville: “Le despotisme peut se passer de la foi, pas la liberté“. John Adams allait dans le même sens lorsqu’il a affirmé que la constitution américaine “est faite uniquement pour un peuple moral et religieux“. Bien que la sécularisation progresse aussi aux États-Unis à un rythme accéléré et que la rencontre de nombreuses cultures différentes bouleverse le consensus chrétien fondamental, on y perçoit, bien plus clairement qu’en Europe, la reconnaissance implicite des bases religieuses et morales issues du christianisme et qui dépassent les confessions. L’Europe – contrairement aux États-Unis – est en conflit avec son histoire et elle se fait souvent le porte-parole d’un refus quasi viscéral de quelque dimension publique des valeurs chrétiennes que ce soit.
Pourquoi? Comment se fait-il que l’Europe, pourtant riche d’une très ancienne tradition chrétienne, ne connaisse plus un consensus du même genre ? Un consensus qui, indépendamment de l’appartenance à une communauté de foi déterminée, attribue une valeur publique et porteuse aux concepts fondamentaux du christianisme ? Étant donné que les bases historiques de cette différence sont connues, un rapide aperçu suffira.
La société américaine a été bâtie en grande partie par des groupes ayant fui le système des Églises d’état alors en vigueur en Europe. Ils avaient trouvé leur positionnement religieux dans les libres communautés de foi, hors de l’Église d’état. La société américaine est donc fondée sur les Églises libres. De par leur approche religieuse, elles ne doivent pas avoir une structure d’Église d’état mais se fonder sur une libre union des individus. En ce sens, on peut affirmer que la société américaine est basée sur une séparation entre l’état et l’Église déterminée et même voulue par la religion. Par conséquent, cette séparation est bien différente, dans ses causes et ses structures, de celle qui a été imposée de manière conflictuelle par la Révolution française et les systèmes qui l’ont imitée. En Amérique, l’état n’est rien d’autre que l’espace libre pour différentes communautés religieuses. Il reconnaît par nature ces communautés dans leurs particularités et dans leur non-appartenance à l’état et il les laisse vivre. Une séparation qui veut laisser à la religion sa nature, qui respecte et protège son espace vital hors de l’état et de ses systèmes, est une séparation conçue de manière positive.
Cela a conduit à un rapport particulier entre sphère d’état et sphère “privée“ totalement différent de celui que nous connaissons en Europe. La sphère “privée“ a un caractère absolument public. Ce qui n’est pas étatique n’est pas pour autant exclu de la dimension publique de la vie sociale. La plus grande partie des institutions culturelles n’appartient pas à l’état. C’est le cas par exemple des universités ou des organismes en charge des disciplines artistiques. Tout le système juridique et fiscal favorise et rend possible ce type de culture non gouvernée par l’état. En Europe, en revanche, les universités privées constituent, par exemple, un phénomène récent et, de fait, marginal. Très certainement, les Églises libres ont pu se juger en termes plutôt relatifs, mais elles se savaient unies par une cause commune qui allait au-delà des institutions et qui était la base de tout.
Bien sûr il y a aussi, dans ce contexte, des dangers qui se cachent. Aujourd’hui, certains cercles semblent remettre à l’honneur l'idéologie du WASP: le vrai américain est blanc, d’origine anglo-saxonne et protestant. Cette idéologie est née quand l’arrivée de groupes d’immigrés catholiques, surtout des Italiens, des Polonais et des gens de couleur, a paru menacer l'identité désormais consolidée de l'Amérique. Celle-ci est restée en vigueur jusqu’au XXe siècle, en ce sens que, pour pouvoir prétendre à une position importante dans la vie publique américaine, il fallait être un WASP. Mais en réalité la communauté catholique s’était déjà intégrée dans l'identité américaine.
Les catholiques ont eux aussi reconnu le caractère positif de la séparation de l’État et de l’Église liée à des motifs religieux, ainsi que l'importance de la liberté religieuse qu’elle garantit. C’est aussi grâce à leur contribution significative qu’une conscience chrétienne s’est maintenue dans la société; cette contribution agit encore, alors que des changements radicaux et profonds ont lieu au sein du protestantisme. Parce qu’elles se conforment de plus en plus à la société sécularisée, les communautés protestantes traditionnelles sont en train de perdre leur cohésion interne et leur capacité à convaincre. Non seulement les "evangelical", jusqu’à présent les ennemis les plus aguerris du catholicisme, gagnent de plus en plus de terrain par rapport aux communautés traditionnelles, mais ils découvrent aussi une nouvelle proximité avec le catholicisme, dans lequel ils reconnaissent un défenseur, contre la pression qu’exerce la sécularisation, des grandes valeurs éthiques qu’eux-mêmes soutiennent; valeurs qu’ils voient disparaître chez leurs frères protestants.
A partir de la structure du christianisme en Amérique, les évêques catholiques américains ont apporté une contribution spécifique au Concile Vatican II. Elle a largement influencé la déclaration "Dignitatis Humanae" sur la liberté religieuse, qui a fait entrer dans la tradition catholique en matière de liberté de la foi, l'expérience du "non étatisme" de l’Église (on a vu que c’était une condition pour garder une valeur publique aux principes chrétiens fondamentaux) comme une forme chrétienne issue de la nature même de l’Église. Aujourd’hui la société américaine doit affronter de nouvelles et graves épreuves, en partie à cause du fort afflux d’hispaniques, en partie à cause de la pression croissante de la sécularisation. En tout cas on peut dire – c’est du moins mon avis – qu’il y a encore en Amérique une religion chrétienne civile, même si elle est sérieusement menacée et si son contenu est devenu incertain.
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Sources : La chiesa.it
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 17.04.08 - T/USA
Publié le 22/12/2007 à 12:00 par auto23652
Le politique et le religieux
Il est clair que la politique a maintenant ses dogmes et ses thèmes de prédilection, qui bien que motivés par la convoitise et l’ambition, sont encadrés par le politiquement correct, qui la protège de toute critique réelle, tandis qu’elle s’enfonce en même temps dans le discrédit. La politique s’est éloignée de la vertu et de l’éthique pour devenir uniquement stratégique. A l’opposé la pensée judéo chrétienne comme la plupart des pensées religieuses se distingue par ses exigences morales et éthiques. La République à ses débuts, a fait les sienne ces exigences. Depuis que la République s’en est éloignée, elle n’a fait que montrer ses défaillances ce qui a relativisé le discours laïque et athée qui oublie que le premier débat tel qu’il a été mené par les fondateurs de la République Française, se trouve dans la vertu, l’abnégation et dans la recherche du bien publique ! Ce n’est donc pas la laïcité qui est au cœur de la République, mais bien une valeur religieuse et plus précisément judéo chrétienne. Mais voyons un peu ce que disent les textes fondateurs judéo chrétiens sur le politique, et avant tout revenons sur un discours de Robespierre, qui est au fondement de la République...
La République et la vertu
Rapport du comité de Salut Public du 18 floréal de l’an II (7 mai 1794), Robespierre...
Alors que la crise des modèles politiques est au cœur des débats qui traversent notre société, les textes fondateurs de la République frappent par leur modernité prophétique, la force vitale de leur idéaux, et montrent surtout le côté « fragile » et sans fondement, du paradigme actuel... « ...Le vice et la vertu font le destin de la terre : ce sont les deux génies opposés qui se la disputent. La source de l’un et de l’autre est la passion de l’homme. Selon la direction qui est donnée à ses passions, l’homme s’élève jusqu’aux cieux, où s’enfonce dans des abîmes fangeux. Or le but de toutes les institutions sociales, c’est de les diriger vers la justice qui est à la fois le bonheur public et le bonheur privé... » « ... Vous vous garderez bien de briser le lien sacré qui unit les hommes à l’Auteur de leur être. Il suffit même que cette opinion ait régné chez un peuple, pour qu’il soit dangereux de la détruire. Car les motifs des devoirs et les bases de la moralité s’étant nécessairement liés à cette idée, l’effacer, c’est démoraliser le peuple. Il en résulte du même principe qu’on ne doit jamais attaquer un culte établi qu’avec prudence et avec certaine délicatesse, de peur qu’un changement subit et violent ne paraisse une atteinte portée à la morale, et une dispense de la probité même. Au reste, celui qui peut remplacer la Divinité dans le système de la vie sociale est à mes yeux un prodige de génie ; celui qui, sans l’avoir remplacée, ne songe qu’à la bannir de l’esprit des hommes, me parait un prodige de stupidité ou de perversité... »
Du pouvoir, au discours politique en passant par l’éthique et le religieux juif et chrétien.
Il faut d’abord souligner la partie ténébreuse du pouvoir politique, dans ce qu’il a de plus subtil, et de plus structurel à la psyché humaine. Analyse qui doit tenir compte du paradigme de la politique et de ce que l’on peut appeler actuellement le démocratisme. L’intérêt que suscite la politique, doit être analysé dans les profondeurs de l‘inconscient collectif. C’est là que se trouve le fond de commerce de l’alternance au pouvoir, véritable choux gras au cœur de l’Etat. La méfiance du pouvoir politique à l’égard du religieux est l’indice, que la critique la plus pertinente qui pourrait être faite du pouvoir politique est celle, implicite mais transcendante, du religieux chrétien dans ce que l’on nommait tout simplement le bien et le mal, comme dans toutes les grandes religions! Critiques qui dés Samuel, les Juges et ensuite le Christ, furent placées tellement hautes, qu’elles sont implacables dans leurs analyses que ne contredisent pas maintenant, bien au contraire, la psychanalyse et la sociologie la plus fine. En politique, il est clair que l’on attend toujours le messie ! Le sauveur qui réparera la faute de son prédécesseur. La première question que l’on devrait se poser, est de savoir si la « faute » est bien celle du prédécesseur. Ne s’agit-il pas plutôt d’une faute collective ? Ce « sauveur », c’est l’homme ou la femme politique qui vient en position d’ « accusateur » pour rétablir un monde meilleur... C’est ici que le système politique montre ses limites, et que les évangiles montrent toute leur pertinence, comme la venue du Christ chez un peuple qui attend un chef politique, alors qu’il lui est demandé, d’abord, par tous les prophètes l’accomplissement individuel de la Loi. En effet l’accusation des maux d’Israël se porte sur Rome, malgré l’avertissement de tous les prophètes, qui rejettent la responsabilité des maux d’Israël, sur les juifs eux-mêmes et l’endurcissement de leurs cœurs… Cette analyse peut aller très loin, jusqu’à l’état d’Israël en passant par tous les systèmes politiques du monde... Malheur à vous pharisiens, parce que vous êtes des sépulcres blanchis, ou malheur à vous pharisiens, parce que vous nettoyer l’extérieur de la coupe et que vous oubliez d’en nettoyer l’intérieur. Le problème, c’est que le malheur des pharisiens, c’est le malheur du peuple entier ! En dehors de la phrase célèbre de Jésus " rendez à Caesar ce qui est à Caesar et à Dieu ce qui est à Dieu", il y a deux passages de l’Ancien testament, l’un tiré du premier livre de Samuel et l’autre tiré du livre de Jérémie, qui montrent que l’exigence de l’excellence est individuelle, avant d’être collective et qu’elle relève de la conscience, dans une démarche transcendante. Le pouvoir politique ne serait-il pas comme la faute collective expiée dans le bouc émissaire, une façon de s’en remettre à l’autre, pour la recherche du bien commun, de façon à s’éviter de le chercher soi-même, et d’en assumer l’échec, et d’avoir, du même coup, sous la main un coupable désigné, d’avance, pour lui reprocher de toute façon l’échec. Mais cet échec inévitable et sûr, est ce bien l’échec de l’homme politique, pantin de la société; ou plutôt ne serai-il pas notre propre échec moral, échec que de toute façon nous refusons d’assumer! D’autre part, l’intérêt matériel que l’autre a de prendre le pouvoir est ici aussi souligné, comme l’aspect hégémonique d’appartenance à une nation, autrement que par la vertu... Les « droits » du politicien dénoncés par Samuel n’ont guère vieilli, l’alibi est seulement plus subtil et plus mensonger. Donc point de progrès ! C’est dans ce sens qu’il faut interpréter la réticence de Dieu, devant les juifs qui lui demandent un roi et qui ajoutent, comble de l’ironie, « pour faire comme les autres », ceci étant l’expression même de la mimétique, dont on sait qu’elle est à l’origine du Bouc Emissaire et la trame invisible du théâtre de nos singeries... Dimanche des Rameaux, le peuple de Jérusalem acclame et glorifie Jésus, vendredi ce même peuple de Jérusalem va l’insulter, l’humilier et le mettre à mort, et tous ces événements, sur fonds de pouvoir politique, alors qu’il ne s’agit que du pouvoir sur soi-même, base de toutes les vertus ! Il n'est question dans cet exposé que de proposer une voie à explorer dans une direction bibique, complètement ignorée et frappée d’interdiction par la laïcité, dont personne en France ne peut donner en l’état actuel du discours, une signification précise, si ce n’est dans ce que la laïcité a de plus obscure et de plus Ponce Pilate. Il faut surtout rappeler à l’homme et à la femme politique française, que la pensée chrétienne comme beaucoup de pensées religieuses, connaît les racines génériques de la politique, et que ces racines politiques sont les mêmes que celles de la détresse humaine. Dans son rapport à la Transcendance, dont on sait aussi maintenant, à cause du désastre, que l’on ne pourra pas faire entièrement l’économie, un petit peuple le savait, qui se disait l’élu de Dieu et dont nous sommes globalement en Occident les héritiers amnésiques. Nous comprenons alors pourquoi l’Europe a peur de ses racines religieuses judéo chrétienne, et que le seul mot de judéo chrétien ou de religieux ait chez certains, le même effet que l’eau bénite sur le diable....
Livre des Juges Chapitre 9 versets 8 à 15:
Les arbres qui veulent un roi.
Les arbres partirent pour aller oindre un roi et le mettre à leur tête. Ils dirent à l’olivier : Règne sur nous. Mais l’olivier leur répondit : Renoncerais-je à mon huile, qui m’assure les hommages de Dieu et des hommes, pour aller planer sur les arbres ? Et les arbres dirent au figuier : Viens, toi, règne sur nous. Mais le figuier leur répondit : Renoncerais-je à ma douceur et à mon excellent fruit, pour aller planer sur les arbres ? Et les arbres dirent à la vigne : Viens, toi, règne sur nous. Mais la vigne leur répondit : Renoncerais-je à mon vin, qui réjouit Dieu et les hommes, pour aller planer sur les arbres ? Alors tous les arbres dirent au buisson d’épines : Viens, toi, règne sur nous. Et le buisson d’épines répondit aux arbres : Si c’est de bonne foi que vous voulez m’oindre pour votre roi, venez, réfugiez-vous sous mon ombrage ; sinon, un feu sortira du buisson d’épines, et dévorera les cèdres du Liban.
1er livre de Samuël chapitre 8 versets 4 à 22:
Les juifs qui veulent un roi.
Tous les anciens d’Israël s’assemblèrent, et vinrent auprès de Samuel à Rama. Ils lui dirent : Voici, tu es vieux, et tes fils ne marchent point sur tes traces ; maintenant, établis sur nous un roi pour nous juger, comme il y en a chez toutes les nations. Samuel vit avec déplaisir qu’ils disaient : Donne-nous un roi pour nous juger. Et Samuel pria l’Éternel. L’Éternel dit à Samuel : Écoute la voix du peuple dans tout ce qu’il te dira ; car ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux. Ils agissent à ton égard comme ils ont toujours agi depuis que je les ai fait monter d’Égypte jusqu’à ce jour ; ils m’ont abandonné, pour servir d’autres dieux. Écoute donc leur voix ; mais donne-leur des avertissements, et fais-leur connaître le droit du roi qui régnera sur eux. Samuel rapporta toutes les paroles de l’Éternel au peuple qui lui demandait un roi. Il dit : Voici quel sera le droit du roi qui régnera sur vous. Il prendra vos fils, et il les mettra sur ses chars et parmi ses cavaliers, afin qu’ils courent devant son char ; il s’en fera des chefs de mille et des chefs de cinquante, et il les emploiera à labourer ses terres, à récolter ses moissons, à fabriquer ses armes de guerre et l’attirail de ses chars. Il prendra vos filles, pour en faire des parfumeuses, des cuisinières et des boulangères. Il prendra la meilleure partie de vos champs, de vos vignes et de vos oliviers, et la donnera à ses serviteurs. Il prendra la dîme du produit de vos semences et de vos vignes, et la donnera à ses serviteurs. Il prendra vos serviteurs et vos servantes, vos meilleurs boeufs et vos ânes, et s’en servira pour ses travaux. Il prendra la dîme de vos troupeaux, et vous-mêmes serez ses esclaves. Et alors vous crierez contre votre roi que vous vous serez choisi, mais l’Éternel ne vous exaucera point. Le peuple refusa d’écouter la voix de Samuel. Non ! dirent-ils, mais il y aura un roi sur nous, et nous aussi nous serons comme toutes les nations ; notre roi nous jurera il marchera à notre tête et conduira nos guerres. Samuel, après avoir entendu toutes les paroles du peuple, les redit aux oreilles de l’Éternel. Et l’Éternel dit à Samuel : Écoute leur voix, et établis un roi sur eux.
François de Mendizabal